L’été arrive, pour certains, c’est une période frénétique avec des amis, des apéros, des heures dans la piscine ou à chercher des trésors de la nature sur la plage ou dans les bois. Assez sensible à la chaleur et amatrice des voyages en train, c’est pour moi la promesse de nombreuses heures de lecture. Je mets d’ailleurs plus de temps à choisir les livres à mettre dans ma valise que les vêtements et tous les autres « indispensables ».
Voici ci-dessous plusieurs idées dans des genres très différents. Il y en a vraiment pour tous les goûts, de l’humour, de l’historique, du frissonnant, de l’engagé, du dépaysant…
Belles lectures et bel été à tous !
Tiphanya, maman, présente : un toit pour Naelia
Sur le trajet de l’école, Luna et sa maman passent souvent devant une femme qui semble vivre dans un encadrement de porte. Elle a des objets hétéroclites avec elle et elle parle souvent avec son chat. Ce petit dernier va permettre aux deux femmes et à la fillette de faire connaissance, d’échanger et finalement de sympathiser.
Ce livre est un très bel album, j’aime beaucoup les illustrations de Rachael Dean. Cela me semble important car de nombreux livres que j’ai lu sur le thème des migrants et de la pauvreté ont un côté très « artistes » ou « indépendants ». Ils sont beaux, mais ils ne ciblent pas forcément le grand public. J’ai parfois l’impression qu’il faut porter l’étiquette bo-bo pour y avoir accès.
Là, le texte est fluide, le récit est précis mais pas trop. On comprend le départ en famille, la difficulté de la migration (l’incertitude, le dénuement, le camp de migrants), l’arrivée dans un nouveau lieu, la solitude. Certains éléments ne passent que grâce aux illustrations, laissant la liberté à l’adulte lecteur de donner plus ou moins de détails, de répondre selon la curiosité de l’enfant.
C’est aussi un très beau récit d’amitié, qui évite de transformer la personne blanche en « sauveur » qui va résoudre tous les problèmes. En ce sens, cela me fait penser à la pièce de théâtre à lire des 8-9 ans, Là quelqu’un (l’éditeur conseille l’histoire à partir de 13 ans, peut-être à cause du thème). J’avais beaucoup aimé l’idée de montrer du respect mais aussi de comprendre que la personne reste une personne à part entière qui peut décider pour elle-même.
Un toit pour Naelia – Kathryn White & Rachael Dean
Loulou, 9 ans, présente : Histoires en chaussettes
Dans ce petit livre, il y a trois histoires très courtes et illustrées qui n’ont aucun lien entre elles.
Chaque histoire a un titre rigolo et a sa propre particularité : un personnage qui peut se transformer en n’importe quoi, un chien qui répond toujours à la question qu’on va lui poser ensuite, etc.
J’ai préféré la dernière histoire avec les chien car il rencontre un extraterrestre et racontent n’importe quoi, ce qui est très rigolo.
Histoires en chaussettes – Alain Serres
Nine, 11 ans, présente : Le livre des choses perdues
C’est l’histoire de David qui a 12 ans, qui adore lire et dont la maman est morte pendant la Deuxième Guerre mondiale. Son père s’est remarié et a eu un second fils, ce qui rend David très jaloux. À un moment donné, il va se mettre à entendre les livres parler et il fait des crises pendant lesquelles il s’évanouit et alors il arrive dans le vieux château de l’Homme Biscornu ou dans une forêt où hurlent des loups.
Une nuit, il sort dans le jardin car il entend sa mère l’appeler et là il y a un avion allemand qui commence à tomber. Alors David se cache dans une fissure du mur du jardin et il va se retrouver de l’autre côté de la fissure, c’est-à-dire dans la forêt qu’il visite quand il s’évanouit. Il y rencontre Garde Forestier qui va lui donner des informations sur ce monde et lui apprendre à se battre contre d’horribles créatures (les Sires Loups). À partir de là, il essaye de rentrer chez lui, dans son propre monde.
J’ai bien aimé car le personnage aime bien lire (comme moi) et l’univers où il atterrit est inspiré des contes de fées, mais dans une version plus triste. Le bien ne triomphe pas toujours. Plusieurs personnages meurent mais David réussit quand même à arriver à ses fins. Ça reste un livre plutôt positif et c’est vraiment un roman d’aventure. Ça insiste aussi beaucoup sur sa jalousie contre son demi-frère mais David évolue beaucoup avec le récit. Il devient plus mature.
Je le conseille à partir de 10-11 ans parce que même s’il n’y a pas tant de pages que ça, il est long à lire. Certains passages sont sombres et il y a une histoire d’amour (mais pas avec David).
Le livre des choses perdues – John Connolly
Yza, maman, présente : Le grand voyage de Figgy
Ce livre démarre assez tristement car on apprend que Figgy s’est brûlé un œil avec un tisonnier lorsqu’elle était très petite, et sa grand-mère, qui l’a recueilli après le décès de ses parents tombe malade. Lorsqu’elle apprend cela, la petite fille de 9 ans qui vit au Ghana, décide de partir pour l’Amérique afin d’acheter des médicaments pour guérir sa grand-mère, car on lui a dit que c’était un pays riche où il y a les médicaments dont sa mamie a besoin. Cependant, Figgy ne sait pas où se trouve l’Amérique ni si c’est loin ou non…
L’innocence de la petite fille est très touchante et, malgré quelques mauvaises rencontres, la majorité des personnes qu’elle croise lui viennent en aide. C’est un livre où domine l’innocence enfantine, l’amitié, la famille et le respect. Il donne un aperçu de ce qu’est la vie des gens pauvres au Ghana et met en avant le manque de moyens dans les zones rurales.
Le grand voyage de Figgy – Tamsin Janu
Arc-en-ciel, 11 ans 1/2, présente : Les cendres de Pompéi
L’histoire se passe à Pompéi. C’est le journal intime d’une esclave romaine nommée Briséis, mais ses maîtres l’appellent Cadia, “la précieuse”. Son maître l’enferme dans une chambre pour servir de prostituée dès qu’elle a ses première règles mais elle s’échappe …
Je n’ai pas trop aimé l’histoire parce que c’est triste et que ça parle d’un sujet délicat.
Les cendres de Pompéi – Christine Féret-Fleury
Yza, maman, présente : Ils ont tué l’école
Je savais que l’école de la République était dans un sale état et que le manque de considération vis à vis du personnel de l’Éducation Nationale, des familles et des enfants était important… Mais après avoir lu ce livre, je me suis rendu compte que la France était tombée bien bas et que c’était pire que ce que je pensais ! En particulier dans les banlieues où vivent les populations les plus défavorisées et à qui on ne laisse aucune chance de s’en sortir.
Dans cet ouvrage, l’autrice, ancienne journaliste, nous relate son expérience en tant que contractuelle de l’Éducation Nationale. Ses missions dans le 93 (sans aucune formation préalable) sont édifiantes et les aberrations qu’elle relate sont vraiment révoltantes : rats dans les écoles, bâtiments à la limite de l’insalubrité pour certains, dangerosité des lieux pour les enfants, envoi dans des écoles qui n’ont pas besoin d’elle, équipes non prévenues de son arrivée, etc.
J’ai parfois eu les larmes aux yeux en lisant ce que l’on fait subir aux enfants, aux familles et au personnel (enseignant ou non). Le manque flagrant de considération de l’État mais aussi des maires pour les enfants qui sont l’avenir du pays me laisse sans voix.
Je conseille vraiment de lire ce livre et d’en parler autour de soi. Certes, toutes les écoles ne sont pas dans le même état que celle où l’autrice a travaillé, mais je connais assez d’enseignant(e)s pour savoir dans quel ambiance et environnement ils travaillent. Et c’est loin d’être aussi simple que beaucoup de parents le pensent…
Ils ont tué l’école… – Marion Armengod