L’Instruction en famille (dite IEF) offre une liberté totale d’emploi du temps. L’école ne rythme plus les journées, ni même le passage des saisons. Et puisqu’en France l’IEF est légale, peu importe la durée (bien qu’il soit nécessaire de choisir un camp, école ou IEF, avec les droits et obligations de chacun), cela permet de partir découvrir le monde, l’Europe ou juste son pays.
L’IEF en voyage est souvent une parenthèse dans le quotidien. Avant le voyage les enfants étaient scolarisés et les parents travaillaient de façon assez classique. Après le voyage, en général les enfants retournent à l’école et les parents à leur emploi. Cependant instruire ses enfants ne s’improvisent pas du jour au lendemain, comme l’épidémie de COVID-19 l’a montré. C’est encore plus important dans le cadre d’un voyage, car personne n’a envie de voir l’expérience d’une vie ruinée par des exercices de grammaire. Le voyage nous forme et nous transforme. C’est également le cas de l’instruction en famille, lorsqu’on débute après une période de scolarisation.
Toutefois il n’y a pas une bonne façon de faire et c’est pourquoi au lieu de vous donner des conseils, nous vous présentons quatre familles qui sont partis pour plusieurs mois. Chacune partage sa propre expérience et ses difficultés puis commente ses propres choix.
N’hésitez pas à découvrir leur blog pour en savoir plus sur leur voyage et leur quotidien durant cette expérience unique.
7 mois en Amérique du Nord avec 2 enfants (4 et 8 ans)
Bonjour Floriane, peux-tu présenter ta famille et le long voyage que vous avez réalisé tous ensemble ?
Nous, c’est Floriane (31 ans), Michaël (33 ans) et nos deux loulous, Lou-Ann (8 ans) et Malo (4 ans) alias Les Pious Pious voyageurs 🙂
J’ai toujours rêvé d’un voyage au long cours alors c’est tout naturellement que j’ai transmis cette envie à toute notre petite tribu. Après 2 ans de préparation, nous avons pris, en septembre 2019, un avion direction le Canada pour rejoindre notre maison roulante. Nous avons parcouru pendant 7 mois, une partie du Canada, des USA et du Mexique. Notre retour était prévu pour mars 2021 mais
la situation sanitaire actuelle nous a fait rentrés plus tôt que prévu.
Quel choix pédagogique aviez-vous fait avant le départ ?
Notre choix pédagogique était un peu flou au moment du départ, Lou-Ann et Malo étant à l’école avant le départ, c’est un nouveau monde qui s’offrait à nous. Nous ne voulions pas que l’école à la maison soit un poids et une source de tension avec les enfants et nous partions du principe que, dans tous les cas, les moments que nous nous apprêtions à vivre seraient source d’enrichissement. Je suis tout de même partie avec des manuels de maths et de français pour Lou-Ann et quelques fiches pédagogiques trouvées ici et là sur la toile pour Malo.
Comment s’est déroulée concrètement l’instruction des enfants pendant le voyage ?
Nos trois premiers mois de voyage ont été essentiellement orientés unschooling. L’aventure débutait, l’excitation était à son comble et nous voulions profiter à fond des moments passés ensemble… Les journées étaient bien remplies, laissant peu de place au formel et pourtant ont été si riches pour les enfants : découverte de nouvelles cultures, de l’anglais, de nouveaux écosystèmes dans les parcs nationaux (ils y ont adoré les programmes des « Petits Explorateurs » et des « Juniors Rangers »), naissance de nouvelles amitiés sur la route…
Et puis en arrivant au Mexique, nous avons tous eu besoin de ralentir le rythme, de prendre le temps de vivre tout simplement sans chercher à vouloir tout faire, tout voir à tout prix. Nous avons pris un peu plus de temps pour mettre le nez dans les manuels de Lou-Ann, elle aime ça alors c’est assez simple. Nous faisions du formel (maths et français) en moyenne 1h30 par jour, parfois plus lorsqu’elle en avait envie, parfois pas du tout. Le plus difficile était de gérer la pression qu’elle se mettait, elle n’aime pas échouer et cela nous a valu quelques larmes. Pour Malo c’était différent, il n’était pas réceptif à nos propositions « formelles » et il a fallu ruser 😀 Finalement tout est passé par le jeu et les apprentissages aux quotidiens (jeux de société, chansons, lecture, cuisine, activités manuelles, compter les marches, découverte des lettres via les affichages et divers panneaux, etc …).
Si c’était à refaire, que changeriez-vous ?
Je crois que je ne changerai rien. Nous avons trouvé petit à petit notre rythme et découvert une alternative à l’école. Tout le monde s’y retrouve et aujourd’hui de retour en France, nous comptons continuer cette belle aventure qu’est l’IEF tant que les enfants en auront envie.
2 ans en Amérique du Sud avec 3 enfants
Bonjour les Tiliky, pouvez-vous vous présenter, vous et votre voyage ?
Nous sommes les tiliky, surnom qui vient de chaque début de prénom de nos enfants, Titouane 11 ans, Liloane 9 ans et Kynan 7 ans. Partis sans date de retour pour faire le tour de l’Amérique du sud en van aménagé, nous avons voyagé durant presque deux années et parcourus 49000km au travers de l’Uruguay, l’Argentine, le Chili, le Brésil, la Bolivie, le Pérou et l’Équateur. Nous racontons dans notre blog, à cœur ouvert, sous forme de carnet de voyage, nos petites péripéties, nos coups durs, nos joies, nos apprentissages de la vie, notamment l’école à la « maison » et le bonheur de voir nos enfants grandir chaque jour. Depuis quelques semaines, nous nous sommes lancés dans l’aventure de l’expatriation au Paraguay, où nous avons créé notre entreprise de location de véhicules aménagés TilikyCampers. Nous avons repris une vie normale, de sédentaires, et les enfants ont repris les chemins de l’école dans une école locale tout en espagnol et guarani (dialecte local). Mais ici les enfants vont à l’école soit le matin soit l’après-midi, nous continuons donc en parallèle l’école en français sur une demi-journée.
Quel choix pédagogique aviez-vous fait avant le départ ?
Avant de partir, nous avons discuté avec les enseignants des enfants, dont certains avaient eu des expériences personnelles avec le CNED, et le directeur de l’école qui avait travaillé dans le réseaux des écoles françaises à l’étranger. Suite à ça et en raison de notre mode de voyage, en van aménagé sans réseau wifi constant, nous avons abandonné l’idée d’inscrire les enfants dans un système de cours par correspondance qui aurait été trop compliqué à gérer au quotidien sans internet.
Les professeurs des enfants nous ont donc donné des supports pour la première année (nous sommes partis en novembre, ils nous ont donc donné les livres avec lesquels les enfants avaient commencé à travailler). En parallèle nous avons téléchargé des cours du CNED, mis à disposition à l’époque sur le site l’académie en ligne. Nous avons également acheté des supports comme les manuels « tout savoir » pour chaque année scolaire. Il était pour nous important que les enfants gardent un rythme d’apprentissage et surtout les codes et le vocabulaire utilisés par les professeurs. Il était pour nous hors de question de faire du unschooling. Si nous sommes partis sans savoir où finirait notre voyage, nous gardions toujours à l’esprit que les enfants retourneraient probablement un jour ou l’autre dans le système scolaire et nous ne voulions pas que ce voyage soit un handicap pour eux plus tard.
Comment s’est déroulée concrètement l’instruction des enfants pendant le voyage ?
L’école à la « maison » n’est pas un choix que nous aurions pris dans une vie sédentaire. Mais le road trip nous a amené à découvrir ce mode d’instruction et il nous aura fallu six mois pour trouver nos repères et surtout donner l’envie aux enfants de travailler.
Au départ nous avons pensé qu’ils avaient juste de la peine à différencier nouveau mode de vie et vacances. Mais plus les semaines passaient et plus l’école devenait la bête noire du voyage ! Nous laissant envisager un retour précipité pour ne pas leur faire prendre trop de retard sur le « programme » !
Il a fallu qu’on se remette concrètement en question plusieurs fois, et qu’on essaie de comprendre pourquoi l’école à la maison se passait mal. Cela a été très éprouvant pour nous, et surtout notre couple. Nous avions décidé que mon mari s’occuperait du grand et moi des deux plus petits.
Concrètement cette aventure éducative a été beaucoup plus compliquée que ce que nous avions imaginé. Nos enfants étaient d’excellents élèves, et en plus très sages, nous n’avions jamais eu de mots des professeurs. J’entends encore de la professeur de Liloane me dire : « si je devais choisir des élèves pour partir dans une telle aventure je choisirais vos enfants ». Nous étions donc partis confiant, et ça a été une douche froide et une désillusion.
Nous nous sommes remis en questions, personnellement j’ai bien compris que je n’avais pas assez de patience et que je ne trouvais pas les mots pour expliquer ce qui me paraissait tellement évident alors que mon mari lui était moralisateur à longueur de journée, tellement que ça en devenait pesant pour toute la famille. Et les enfants eux, ils ont eu des attitudes très différentes.
Kynan le plus petit avait beaucoup de peine à faire des efforts et tout lui semblait une montagne, il a fallu trouvé des astuces pour qu’il prenne confiance en lui, mais au fil des mois il a bien progressé. Liloane, elle était un exemple pour tous, volontaire, très autonome, avec elle l’école à la maison c’était du bonheur, elle remplissait des cahiers entiers de sa propre initiative ; sauf qu’elle ne supportait pas qu’on lui explique ce qu’elle ne comprenait pas, et quand elle échouait c’était des grandes crises de larmes qui nous dépassait. Et puis il y avait notre grand qui dès le départ c’est braqué, c’est avec lui que l’expérience a été le plus compliqué, il lui aura fallu un an pour admettre que l’école à la maison, il détestait ça. Il ne voulait jamais travailler, nous avons changé plusieurs fois de programme, de support, à chaque fois il y avait quelques jours de mieux puis il repartait sur une attitude négative. On passait des heures à essayer de lui faire faire un exercice, cela a eu un impact négatif sur l’ambiance familiale et le voyage. Nous avions du coup moins de temps pour profiter et faire des visites. On s’est alors rendu compte qu’avant le départ nos enfants avaient leur vie sociale, et que s’ils étaient enthousiastes sur le voyage, ils n’avaient pas mesurer les impacts sur leur quotidien comme être avec ses parents 24h/24 et ne plus voir les copains.
Si c’était à refaire, que changeriez-vous ?
Finalement même si cela a été compliqué on s’est aussi rendu compte que les enfants pouvaient quand même nous surprendre. Que les apprentissages scolaires c’est une chose, mais qu’ils apprennent aussi énormément en voyageant. Aujourd’hui ils sont bilingues, avec un excellent niveau à l’écrit comme à l’oral. Les deux petits ont une demi-année d’avance sur le niveau français. Et ils sont rentrés dans des classes en espagnol avec ce demi-niveau d’avance. (Concrètement en mars Liloane a commencé le CM1 en espagnol alors qu’elle aurait commencé le CM1 en français en septembre). Quand à Titouane, il a finalement pu rattraper son retard et son niveau scolaire, on s’est rendu compte aussi que l’adolescence ce n’est pas forcément à 15 ans, ça commence vers 9 ans, il faut le savoir.
Ce qui nous a beaucoup aidé c’est de rencontrer d’autres familles de voyageurs et notamment la maman des croodstrotter qui nous a prêté deux livres clés : les lois naturelles de l’enfant de Céline Alvarez et instruire en famille de Charlotte Sien. Nous avons opéré quelques changements suite à leur lecture, notamment en donnant plus d’autonomies aux enfants et surtout en quittant le rôle de maître et maîtresse qui décident et ordonnent.
J’aurais aimé avoir lu ces livres avant de partir, et je pense que c’est avec ces livres que nous aurions pu avoir un meilleur départ dans cette aventure éducative.
Il est important de laisser de la liberté aux enfants, nous avons constaté que les enfants apprécient de ne plus nous avoir sur leur dos ! Et qu’ils se prennent en charge, s’entraident et nous impressionnent ! Pendant le voyage alors que nous étions en conflits avec Titouane, il a lu 4 romans de près de 200 pages en un mois, de sa propre initiative ! Et le plus incroyable c’est que maintenant, le matin, les enfants se lèvent, s’habillent et commencent leur travail sans même que nous leur demandions de le faire ! Une petite révolution s’installe, pour notre plus grand bonheur !
Pour se lancer dans cette expérience éducative il faut une bonne dose de patience, savoir se remettre en question et avoir confiance dans les capacités des enfants à apprendre (tôt ou tard). Et surtout ne pas figer les enfants sur une table avec une montagne de cahier, s’ils veulent travailler dans leur lit, il faut leur laisser cette liberté. Leur laisser choisir ce qu’ils veulent faire et accepter les compromis. Savoir arrêter un exercice pour le reprendre plus tard !
Alors pour tout ceux qui veulent ou doivent se lancer dans l’aventure on vous dit suerte !, bonne chance !
Un an autour du monde avec deux enfants (niveau CE1 et CM2)
Bonjour Pierre, peux-tu présenter ta famille et le long voyage que vous avez réalisé tous ensemble ?
Nous sommes une famille de quatre : des parents autour de la quarantaine (Blandine et Pierre) et deux filles : Margaux et Marie, respectivement en CM2 et CE1 lors de notre tour du monde (TDM).
Notre blog : Mais pourquoi pas nous
Quel choix pédagogique aviez-vous fait avant le départ ?
Margaux et Marie ont fait respectivement leur CE1 et leur CM2 durant le voyage et nous nous sommes chargés de « faire l’école » durant cette année en itinérance. Tous les cours du CNED ont donc été téléchargés avant de partir et gardés sur des supports numériques (dans le cloud), mais nous ne les y avons pas inscrites, nous ne voulions pas la contrainte de renvoyer des devoirs à faire corriger.
Nous avons déscolarisé les enfants en envoyant des lettres recommandées à l’Inspection Académique et à la Mairie, en les prévenant de leur nécessaire réinscription un an plus tard. Au retour, Margaux ferait alors son entrée au collège, avec qui nous avons pris un premier contact.
Sur les conseils du directeur de l’école primaire, nous avons emporté le fichier de mathématiques de Marie afin qu’elle continue à suivre les aventures de Picbille comme ses camarades.
Comment s’est déroulée concrètement l’IEF en voyage ?
C’était horrible ! Le seul point noir de notre voyage ! Surtout avec la plus jeune (CE1), la grande (CM2) plus autonome avait bouclé son programme en 6 mois. Nous avons travaillé en moyenne une petite heure tous les jours, mais pas d’horaires précis ou réguliers, cela dépendait des activités prévues, des transports etc…
Durant le TDM, c’est souvent parti en « live », et nous étions probablement trop exigeants. En voyage à 4 dans la même pièce tout le temps, pas facile d’aller s’isoler ! Nous avions mal compris qu’en primaire, de niveau en niveau, on leur ressasse la même chose avec à chaque fois une petite difficulté en plus et que tout est repris et repris et repris.
Nous faisons notre mea culpa, nous avons été trop durs avec elles. Quand ça roulait et qu’elles comprenaient, aucun problème, mais quand une notion avait du mal à rentrer alors que c’était « facile » ou « évident » pour nous adultes, nous avions du mal à trouver les clés pour leur faire comprendre. Nous n’étions ni patients, ni pédagogues.
Si c’était à refaire, que changeriez-vous ?
On prendrait plus de cahiers pour écrire ou plus de supports écrits à compléter. Nous n’avions pas toujours la possibilité d’imprimer, et c’est parfois difficile pour les enfants de ne pas « manipuler » : juste lire une leçon sur un téléphone portable ou faire un exercice à l’oral, c’est moins motivant.
Surtout, on se prendrait moins la tête ! Au retour, elles n’avaient pas du tout de retard, au contraire.
On oublie trop souvent que dans une journée de classe, entre se rassembler, faire silence, se mettre en rangs, aller en classe, sortir ses affaires, faire 3 minutes d’anglais, puis une leçon, la récré, la cantine, les activités péri-scolaires, etc… ils ne travaillent pas tant que ça les maths et le français. Si en voyage on peut réussir à se concentrer une petite heure juste sur ces deux matières, c’est autant qu’à l’école ! Et ils avancent plus vite car c’est un cours particulier.
L’anglais, les sciences, et l’histoire etc… cela s’est fait tout au long de la journée sans effort, sans suivre aucun programme. Elles ont, au fur et à mesure de nos activités et découvertes, appris des choses sur l’apartheid en Afrique du Sud, sur les volcans en Indonésie, sur la Seconde Guerre Mondiale et la bombe atomique à Hiroshima au Japon, sur la guerre du Vietnam, sur le Bouddhisme en Birmanie, sur la Grande Barrière de Corail et les marsupiaux en Australie, sur les écosystèmes fragiles en Nouvelle-Calédonie, sur les tortues et les requins en Polynésie, sur les Moaïs à l’île de Pâques, sur les glaciers et civilisations incas en Argentine, en Bolivie et au Pérou, sur l’évolution des espèces aux îles Galapagos et sur le gaspillage avec leçon grandeur nature aux États-Unis.
Elles ont gagné en autonomie, la plus grande a appris un peu d’espagnol et d’anglais et son apprentissage des langues aujourd’hui au collège en est grandement facilité.
Jamais nous n’avons envisagé de poursuivre l’expérience de l’instruction en famille au retour. Les filles étaient contentes de retrouver un cadre stable pour leur apprentissage et d’avoir des professionnels de l’enseignement face à elles.
Un an autour du monde avec deux enfants (niveaux CE2 et 6e)
Bonjour Laurène, peux-tu présenter ta famille et le long voyage que vous avez réalisé tous ensemble ?
Je suis Laurène, professeure des écoles, j’ai 40 ans.
Mon mari s’appelle Christophe, il est webdesigner et a 45 ans.
Notre fils, Louis, a 13 ans et notre fille, Diane, a 10 ans.
Nous avons tout quitté, tout vendu pour voyager autour du monde pendant 1 année. Durant un an de l’été 2018 à l’été 2019, nous avons principalement découvert l’Amérique du Nord, l’Asie du Sud-Est et l’Océanie. Notre nom de famille en voyage est En avant les loulous.
Quel choix pédagogique aviez-vous fait avant le départ ?
Avant de partir, nous nous sommes renseignés sur les démarches administratives nécessaires pour faire l’école en voyage.
Il nous semblait indispensable de connaître nos droits et devoirs. Nous avons alors découvert le monde de l’instruction en famille.
Nous ignorions jusqu’à notre départ, que l’école n’est pas obligatoire et que seule l’instruction l’est.
Nous avions l’obligation d’instruire nos enfants en ayant la liberté de donner le cadre que nous souhaitions, sous réserve d’être contrôlé à notre retour. Nous avons donc adressé un courrier à l’académie ainsi qu’un courrier à la mairie de notre lieu de résidence afin de les informer de notre choix d’instruction.
Bien sûr, nous avions également prévenu leur école et leurs enseignants. Nous n’avions pas prévu de revenir dans la même ville à notre retour.
Nous avons décidé de ne pas vivre l’école en voyage comme une contrainte. Le plaisir du voyage était notre priorité. Nous avons donc acheté deux fichiers (maths et français) pour chacun de nos enfants respectivement en classe de 6e et de CE2.
Avant notre départ, nous avions échangé avec d’autres familles voyageuses sur ce sujet. En effet, l’école en voyage était vécue pour beaucoup comme un point noir, une obligation, dont les parents se seraient bien passés. Il nous paraissait inconcevable de se mettre la pression pour l’école. L’objectif était de profiter de cette chance, de cette liberté et de relativiser !
D’un commun accord avec Christophe, nous sommes partis du principe que si Louis ou Diane devaient être maintenus dans leur niveau en rentrant, ce ne sera pas grave du tout.
Notre choix s’est donc porté sur le homeschooling* au départ. Le homeschooling est, pour nous, le fait de respecter les programmes scolaires de l’éducation nationale en travaillant à domicile, en famille. Les supports peuvent être des fichiers, les cours par correspondance en complément de visites aux musées, de sorties sportives, de jeux, de rencontres diverses et variées.
*Note de Mon autre reflet : ici le terme homeschooling s’oppose aux cours par correspondance. Mais en dehors des cours conventionnés du CNED, tous les cours en dehors d’une école sont considérés légalement comme du homeschooling, c’est à dire de l’instruction en famille.
Comment s’est déroulée concrètement l’IEF en voyage ?
Concrètement, au début du voyage, les moments d’école étaient source de conflits.
Rapidement et sans horaires imposés, nous avons proposé aux enfants de faire les chapitres et les exercices des fichiers au gré de leurs envies.
Louis n’a presque pas touché son fichier de français mais il a dévoré de nombreux livres durant le voyage et il a écrit quelques articles sur le blog. Il a terminé le fichier de maths en quelques mois.
Diane s’est braquée plus fréquemment que son frère lors des séances d’école et a plutôt avancé par étapes. Un jour, elle a décidé de ne plus faire de mathématiques. Cette décision a duré quelques mois durant lesquels, elle abordait les maths avec nous d’une autre façon : recette de cuisine, calcul mental lors des trajets, jeux de société avec des calculs, calcul de distances kilométriques… Puis, du jour au lendemain, elle a décidé de mettre de côté le fichiers de français pour ne se consacrer qu’à celui de maths ! Elle avait envie, s’en sentait capable, était prête. Cette expérience m’a interpellé sur ma pratique en tant qu’enseignante. Je me suis rendu compte qu’elle avait fait ses choix en fonction de ses dispositions et que dans ces conditions, elle réussissait.
Conscients de la richesse de ce voyage, ne voulant pas fonctionner avec des fiches ou des pratiques trop scolaires qui ne plaisaient pas à nos enfants et ne nous convenaient pas, nous avons également fonctionner en « unschooling » sans le savoir.
Nous avons instauré un petit rituel dans chaque pays à mesure que l’on visitait : une fiche faite maison avec quelques questions.
Par exemple, les enfants devaient chercher la monnaie, la capitale, la langue, des spécialités, des mots, le drapeau, des animaux typiques, une recherche sur un sujet en lien avec une de nos activités…
Louis et Diane recevaient cette fiche-maison dans la matinée et avaient toute une journée pour y répondre. Ils avaient à leur disposition leurs connaissances, les écrans et moteurs de recherche ou bien des documentaires comme la série c’est pas sorcier.
Nous nous retrouvions le soir avant de dîner pour qu’ils confrontent leurs réponses et que ces recherches engagent une discussion, un échange sur les découvertes effectuées. Ce furent des moments d’apprentissages informels auxquels les enfants ont toujours pris part avec plaisir et dont ils se souviennent encore.
L’école en voyage ne se résume pas uniquement aux apprentissages purement scolaires, nos enfants ont appris une multitude de choses, des notions qui contribuent à leur culture et à leur construction en tant que citoyen du monde : la découverte d’une culture, l’apprentissage des langues, la pratique sportive, la confection d’une recette traditionnelle, l’entretien d’un poulailler, l’orientation dans un environnement inconnu : tout fut prétexte aux apprentissages, à l’école de la vie. Or ce ne sont pas des apprentissages évaluables.
Si c’était à refaire, que changeriez-vous ?
Si c’était à refaire, je ne prendrai pas de fichier pour mon fils qui s’en est très peu servi. Cela était avant tout pour nous rassurer mais maintenant, je sais qu’il est capable d’apprendre sans.
Je suis heureuse de ne pas avoir mis de pression avec des devoirs comme cela aurait pu être le cas si nous avions pris des cours par correspondance.
Nous avons profité à fond de notre voyage et scolairement, ils ne sont pas revenus avec des lacunes.
Si c’était à refaire, je m’informerais davantage en amont sur le homeschooling, le unschooling et les alternatives d’éducation. Cela nous aurait aidé à faire des choix plus éclairés et à déculpabiliser dans les situations conflictuelles d’école au début de notre voyage.
Avant le départ, j’aurais aimé être plus informée sur les alternatives d’éducation. Je conseille de bien prendre connaissance de nos droits et nos devoirs en tant que parents lorsque nous faisons le choix d’instruire nos enfants en famille.
Merci à toutes les familles qui ont pris le temps de répondre à mes questions ! Cet article reprend les bases de ce qu’il faut connaître sur l’IEF en voyage. Sinon poursuivez votre lecture avec ce témoignage sur l‘IEF avec une famille nombreuse ou sur l’IEF quand on veut devenir musicien professionnel.