Dans l’une des dernières interviews d’une famille ayant choisi l’instruction en famille (l’IEF), je vous présentais Yza qui a retiré de la maternelle sa fille en souffrance. Tel un écho, aujourd’hui je vous présente Laura qui n’a pas inscrite sa fille en maternelle pour la rentrée de toute petite section, mais qui s’apprête à la scolariser prochainement. C’est l’occasion de comprendre que l’IEF n’impacte pas que les enfants, mais aussi le quotidien des parents. Ces derniers doivent être une équipe et ne pas oublier leur propre équilibre dans le processus.
Toutes les photos viennent de Laura et sont protégées par le droit à l’image.
Bonjour Laura, peux-tu te présenter, toi et ta famille ?
Bonjour Tiphanya, alors je m’appelle Laura. J’ai 28 ans je vis dans l’Oise, près de Paris. Je suis mariée depuis bientôt cinq ans. Nous sommes un couple musulman (couple seulement puisque mes enfants n’apprennent rien de religieux pour l’instant). J’ai une petite fille de 4 ans dans 2 semaines, et un petit garçon de 18 mois.
Ta fille est encore très jeune et à 3 ans, âge classique d’entrée en maternelle, tu as préféré la garder avec toi. Pourquoi ce choix ?
Tout d’abord, c’est la deuxième année d’instruction en famille pour elle. Elle est en moyenne section.
À la base c’était pour tenter l’expérience. Elle devait faire sa première rentrée à l’école à 2 ans et 9 mois. C’était beaucoup trop jeune pour moi pour la laisser dans l’inconnu. Ma fille et moi sommes très fusionnelles, comme tous ceux pratiquant l’IEF d’ailleurs. Je ne me voyais pas ne pas l’avoir près de moi et puis je me suis renseignée sur l’IEF. Je ne me sentais, honnêtement, pas à la hauteur, n’ayant pas fait de grandes études. Mais j’avais très peur de regretter si je n’essayais pas. Mon mari m’a beaucoup soutenue.
Et j’ai franchis le pas, que je ne regrette pas du tout.
Peux-tu nous dire ce qui est le plus important pour toi dans l’instruction en famille que tu fais avec ta fille ?
Le plus important, c’est que ma fille choisisse ce qu’elle veut faire, apprenne à son rythme et soit épanouie lorsqu’elle est dans ses heures d’instructions. Elle a beaucoup d’activités extérieures donc elle ne s’ennuie jamais.
On s’inquiète souvent pour la socialisation des enfants en IEF. Certains trouvent également que c’est plus difficile quand on a un seul enfant. Qu’en penses-tu ?
Pas du tout ! Je dirai même que ma fille est plus sociable et sûre d’elle que ma nièce du même âge qui est à l’école publique. Ça dépend de l’enfant, de son environnement, de son caractère. Mon petit frère qui a 14 ans maintenant était très très solitaire étant petit. Il ne parlait à personne jusqu’à au moins 9 ans. Il n’avait pas de copains à l’école, etc. C’était très dur pour nous qui le voyions comme ça. Alors que lui, il était dans sa petite bulle. Il était bien.
Ma fille a 17 cousins et cousines, elle pratique du handball en club. Elle sort au parc aux heures où les enfants y sont. Bref elle est très entourée.
Mis à part les déclarations du président M. Macron et le projet de loi à l’étude pour interdire l’IEF, as-tu en tête une date de fin pour l’instruction de tes enfants ?
Je pense la mettre à l’école a la prochaine rentrée. J’aimerais trouver une école Montessori proche mais ça ne court pas les rues. Je voudrais une école qui écoute les besoins de l’enfant et qui ne crée pas de compétition. Je dois reprendre mes études de coiffure et je n’aurai pas le choix de la remettre. Mais j’aimerais ne pas perdre le droit de l’enlever à tout moment. J’aimerais garder ma sérénité en me disant que je pourrais toujours l’instruire à la maison si l’école ne lui convient pas.