Témoignage : transmission culturelle et instruction avec des romans

IEF et lecture en famillePublier régulièrement des interviews de famille pratiquant l’IEF ou même d’adultes ayant grandi sans aller à l’école est quelque chose qui me semble important. Cela nous permet de prendre de la distance avec nos pratiques et d’enrichir notre approche sans chercher forcément à imiter les autres. Je me sens donc aujourd’hui très honorée de pouvoir vous présenter Daksina et sa famille pour discuter transmission culturelle et lecture. Ils vivent à Londres et j’ai découvert leur univers sur Instagram (ici). Les filles de Daksina sont un peu plus âgées que ma propre fille mais surtout cette famille a en commun avec la mienne de lire tout le temps.

Toutes les photos nous ont été envoyées par Daksina.

Bonjour Daksina et bienvenue sur Mon autre reflet. Peux-tu te présenter, toi et ta famille ?
Bonjour. Je m’appelle Daksina et nous sommes une famille de quatre personnes. Mon mari est pompier à la London Fire Brigade (le corps des sapeurs-pompiers de Londres) et je travaille de chez moi comme agent de la protection de l’enfance. Nous instruisons en famille nos deux filles, Vishaka (13 ans) et Ishvari-Radha (9 ans) depuis sept ans maintenant. Nous vivons à Londres et nous avons la chance de faire partie d’une communauté IEF (instruction en famille) multiculturelle et pleine de vie. Les filles participent à de nombreuses activités périscolaires avec des amis de tout âge et nous avons une instruction très décontractée, dirigée par nos centres d’intérêts.

portrait famille en IEF

Peux-tu nous expliquer simplement la loi concernant l’instruction en famille en Angleterre et surtout nous dire en quoi elle influence ce que tes filles étudient ? Avez-vous des tests de niveaux ou l’obligation de suivre un curriculum ?
Par chance, les lois britanniques sur l’instruction en famille sont assez décontractées. Nous devons nous assurer que les enfants peuvent lire, écrire et faire des maths selon le niveau attendu à leur âge. La façon dont nous l’enseignons et ce que nous enseignons dépendant totalement de nous. Nous ne sommes pas obligés de suivre un programme précis ou de passer des examens. Le premier examen formel au Royaume-Uni pour les enfants instruits en famille se fait à 16 ans, pour passer le GCSE (Certificat général de fin d’études secondaires).

Maintenant que nous connaissons votre contexte légal, peux-tu nous dire ce qui est le plus important pour toi dans l’instruction en famille que tu proposes à tes filles ? Quelles grandes idées te permettent de prendre tes décisions ?
Au fil des ans, notre type d’instruction a assurément beaucoup évolué mais nos valeurs fondamentales sont toujours restées les mêmes : se concentrer sur la construction du caractère de chacun et apprendre ensemble, en tant que famille. Nous y parvenons en étudiant et mémorisant les textes sacrés ensemble et en lisant et commentant de bons livres.
Nous avons évolué en nous éloignant de plus en plus des apprentissages formels et en direction d’une approche plus détendue avec un minimum de préparation et de planification. Nous suivons les centres d’intérêts des enfants et je construis en général une étude thématique autour de ça.
Par exemple ma plus jeune a vraiment apprécié la série de roman Comment dresser votre dragon. Alors j’ai collecté des ressources sur les Vikings et nous avons étudié l’histoire, la géographie, l’orthographe et la mythologie nordique. Quand nous avons été prêtes à passer à autre chose, mon aînée souhaitait en savoir plus sur le corps humain alors j’ai préparé une petite séance sur ça. Avec cette approche, nous avons également beaucoup appris sur la Chine, l’Afghanistan, l’Australie, la Grèce Antique, la Peste Noire, l’espace et même sur le coronavirus. Vous pouvez télécharger un exemplaire de cette unité ici.

Nous aimons également voyager, cuisiner, être dans la nature, jouer de la musique et nous passons donc beaucoup de temps à pratiquer ces loisirs.

IEF et lecture à voix haute
Lire pour apprendre sur tous les sujets

La première raison qui m’a poussée à te suivre sur Instagram est que tu présentes beaucoup de livres lus avec tes filles. Ma propre fille a 8 ans et tes présentations me donnent souvent de nouvelles idées. Comment inclues-tu la lecture dans vos journées ? Est-ce un loisir ou un élément à part entière de l’instruction ?
La lecture est définitivement au cœur de notre IEF et de notre famille. Nous lisons le matin, l’après-midi et encore une fois au moment du coucher. Il y a des livres dans la voiture et même dans mon sac à main, afin de ne jamais nous retrouver à cours de lecture.

Je dirai que la lecture à voix haute est totalement au cœur de nos études thématique et de notre IEF. Chaque matin nous consacrons beaucoup de temps à lire à voix haute, en commençant par les textes sacrés, puis en nous consacrant à notre morning basket et enfin en lisant notre lecture commune du moment. Lire, puis discuter, est une valeur essentielle pour nous et nous en avons fait une priorité dans notre IEF. Nous lisons des textes sacrés, de la fiction, de la non-fiction ensemble, en famille, peu importe les différences d’âge.

Nous lisons et écoutons souvent plusieurs livres différents en même temps. Nous ne lisons pas que pour l’instruction des enfants, nous lisons aussi beaucoup pour le plaisir. Nous avons commencé à lire à voix haute aux enfants avant même leur naissance (quand elles étaient dans le ventre), puis quand elles étaient des nourrissons. Même si mon aînée a 13 ans, elle apprécie toujours complètement qu’on lui fasse la lecture à voix haute. J’espère que c’est quelque chose que nous continuerons à faire jusqu’à ce qu’elles quittent la maison.
Dès le départ, j’ai autorisé les enfants à lire tout ce qu’elles voulaient afin qu’elles développent l’amour de la lecture. Encore aujourd’hui je choisis les livres que nous lisons à voix haute en famille, mais elles sont autorisées à choisir leurs propres livres pour leurs lectures personnelles. Je pense que cela les aide vraiment à voir la lecture comme une activité de loisirs et non comme quelque chose que l’on est forcé de faire.

Une autre façon que nous avons de découvrir des histoires ensemble est en écoutant des livres audio que nous téléchargeons sur le site de notre bibliothèque ou sur Audible, puis que nous écoutons en voiture ou pendant les repas. J’ai aussi acheté à chaque enfant son propre iPod et je l’ai chargé avec des livres audio qu’elles peuvent écouter à tout moment, que ce soit pendant l’heure du bain, en jouant aux Lego ou à d’autres jeux ou en dessinant / coloriant. Écouter un livre audio n’est pas différent de la lecture à voix haute, pour moi, et ces livres me permettent de faire une pause dans les lectures tout en exposant les enfants à des narrateurs fantastiques.

Partager des histoires a enrichi nos vies et nous aide à être connectés de manières profondes et pleines de sens. C’est une activité en famille qui nous permet de créer des souvenirs pour toute la vie.

famille en IEF à Londres

Tu es d’origine indienne et tes filles grandissent donc avec deux cultures. Comment intègres-tu dans votre vie quotidienne la culture indienne ?
Mon père est né en Inde et ma mère au Kenya. Ils sont tous deux Indiens Gujurati. Je suis née et j’ai grandi ici, à Londres, et mon mari est né en Irlande ! Donc comme vous pouvez le voir, nous avons un vrai mélange de cultures et de langues. En plus de ça, nous pratiquons le vishnouisme gaudiya, donc la majorité de ma culture indienne est naturellement intégrée dans notre vie quotidienne. Par exemple, nous sommes végétariens, nous ne buvons pas d’alcool, nous ne fumons pas et nous ne pratiquons pas les jeux d’argent.
Nous enseignons à nos enfants nos pratiques philosophiques et spirituelles, comme l’apprentissage des shlokas en sanskrit (des strophes).

Nous pratiquons également la méditation, en récitant d’anciens mantras avec un chapelet, de même que nous enseignons aux enfants la pratique d’instruments de musique indiens traditionnels comme l’harmonium et le tambour connu sous le nom de Mridanga. Elles chantent également des chants religieux en sanskrit, en hindi et en bengali (des langues de l’Inde).

Les fêtes religieuses occupent une grande part de nos vies. Nous célébrons certaines en famille, comme Diwali, la fête des lumières, et nous en célébrons d’autres dans notre temple local. Il y a des jeûnes et des banquets, des chants et des danses, des prières et des écoutes. Nous revêtons des tenues traditionnelles indiennes comme le sari, la dhoti et des jupes gopi, et les enfants attendent ça avec impatience.

Mon mari les emmène également en Inde chaque année. Je ne supporte pas bien la chaleur alors je reste à la maison, ce qui m’offre une agréable et longue pause de trois semaines. En Inde, ils voyagent, effectuent des pèlerinages dans des lieux saints, se baignent dans des rivières sacrées et rejoignent d’autres croyants.

Comme vous pouvez le voir, il est véritablement important pour nous que nos enfants soient exposées le plus possible à notre culture et nous espérons qu’elles le transmettront également à leurs enfants.

Transmission culturelle en IEF

Merci beaucoup Daksina d’avoir pris le temps de répondre à mes questions. Ton témoignage sur la transmission culturelle est passionnant et tu me donnes encore plus envie de lire à voix haute !

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