Il y a de nombreuses bonnes raisons pour faire l’instruction en famille et l’une d’elle est la vision que l’on a du rôle de parent et de la structure familiale. Il s’agit alors d’une décision que l’on prend avant même la naissance des enfants, lorsque l’on rêve et que l’on tente de se projeter dans la vie future de notre famille en construction.
Dans le témoignage que nous vous proposons de découvrir aujourd’hui, il est question d’adultisme (un sujet passionnant dont nous n’avons jamais parlé ici, alors n’hésitez pas à poster un commentaire si vous avez des questions), d’être à la marge, d’équilibre boulot/IEF avec en conclusion l’inquiétude de la nouvelle législation française pour continuer ce mode d’instruction.
Bonjour Jeanne et bienvenue sur Mon autre reflet. Peux-tu te présenter, toi et ta famille ?
Je suis Jeanne, curieuse de presque 40 ans. Je suis aussi autrice et éditrice chez JS éditions ainsi que maman de deux enfants instruits en famille. Mon fils a 8 ans et ma fille 5 ans. Nous vivons en France.
Pour quelles raisons avez-vous fait le choix de l’instruction dans la famille ?
Nous avons fait ce choix avant même d’avoir des enfants parce que cette organisation nous plaisait à tous les points : pour respecter le rythme propre de nos enfants, leurs passions, leur besoin de jouer et pour proposer au maximum des apprentissages de type informel.
Peux-tu nous dire ce qui est le plus important pour toi dans l’instruction en famille que tu proposes à tes enfants ? Quelles grandes idées te permettent de prendre tes décisions ? Y-a-t-il un pédagogue ou une pédagogie qui t’inspire ?
Pour moi, le plus important dans l’instruction en famille est d’être dans une posture horizontale avec mes enfants. Je tente de gommer un maximum l’adultisme dans mes rapports avec elleux. Je m’efforce également de leur proposer une instruction en rapport avec mes valeurs. Par exemple en restaurant la place des femmes dans l’Histoire ou en dénonçant le colonialisme et le néocolonialisme.
J’essaie également de ne pas diaboliser les nouvelles technologies et de leur apprendre à les utiliser en conscience.
Je n’ai pas de pédagogue fétiche, mais je préfère passer le plus possible par des apprentissages informels en premier lieu. J’aime utiliser des jeux de société, par exemple. Quand un apprentissage le nécessite, je me tourne vers des pédagogies plus standardisées en privilégiant l’expérimentation et le côté ludique. L’avantage en IEF, c’est que lorsqu’une pédagogie ne « mord pas », nous avons le temps pour en tester une autre, jusqu’à ce que la notion soit pleinement comprise.
Qu’aurais-tu aimé savoir avant de commencer ce mode d’instruction ?
J’aurais aimé savoir que c’est parfois difficile et que l’entourage est rarement soutenant pour les choix « à la marge ». Cela m’aurait peut-être permis d’être « plus forte ».
J’ai fait ta connaissance numérique grâce au livre Anatole ne va pas à l’école que tu édites. Comment équilibres-tu ton travail et l’instruction des enfants ? Je suppose que les deux doivent s’influencer, non ?
Oui, mes valeurs se retrouvent dans les ouvrages que j’écris ou que j’édite.
Mon emploi du temps se partage entre mes enfants et mon travail. Je profite de leurs mercredis en centre de loisir et des weekends pendant lesquels mon compagnon prend le relais pour me consacrer à l’édition.
Mon entreprise est également un bon support d’échanges avec mes enfants pour transmettre mon expérience sur le monde du travail. Iels me voient souvent en action et cela leur donne un aspect plus concret de ce dernier. Beaucoup plus que de simplement voir leur parent partir puis revenir de son bureau.
Avez-vous en tête une date de « fin » pour l’instruction en famille ? Un projet de scolarisation ?
Nous n’avons pas de date de fin ni de projet de scolarisation, mais la nouvelle loi ne nous permettra peut-être pas de poursuivre comme nous le souhaiterions.
Merci beaucoup Jeanne d’avoir pris le temps de partager avec nous des bouts de votre instruction en famille.
D’autres témoignages sont disponibles sur le site, car il n’y a pas une bonne façon de faire !