Témoignage : IEF, adolescence et haut potentiel

Sans entrer dans des détails personnels, le haut potentiel est un sujet que je connais bien et vis au quotidien. C’est donc avant tout pour des raisons personnels que je me suis intéressée au livre Parents d’ados à haut potentiel, les 80 clés dont on ne vous a jamais parlé ! De là, j’ai découvert que l’un des auteurs, Pablo avait été instruit en famille. L’association était parfaite pour échanger avec les auteurs et vous proposer un article complet sur l’adolescence, l’IEF et le haut potentiel (HP).

Parents d’ados à haut potentiel, les 80 clés dont on ne vous a jamais parlé !

Je vous propose tout d’abord de découvrir ce livre que j’ai trouvé complet et très intéressant.

parents d'ados à haut potentiel

Le titre est très explicite. Ce livre pratique est organisé en 7 thèmes regroupant 80 questions qu’en tant que parent on peut se poser sur un ado (ou une ado) à haut potentiel (c’est-à-dire précoce, surdoué, zèbre, apie…). Ce n’est pas un essai écrit par un psy, ce n’est pas un livre à lire dans l’ordre, encore moins un format indigeste et culpabilisant (oui, j’ai déjà lu les trois sur le sujet).
Parents d’ados à haut potentiel est très concret et s’applique à la vie quotidienne avec beaucoup de bienveillance envers les parents et les enfants. Ainsi, on peut trouver dans l’une des réponses « proposer un câlin » car parfois, c’est juste de ça dont on a besoin.

J’ai eu le retour d’un ancien ado haut potentiel et il a dévoré le texte de la première page à la dernière. Il aurait adoré que ses parents s’en inspirent dans son enfance et il a vraiment eu l’impression que les conseils étaient justes.

Le seul petit bémol à mes yeux, qui s’explique totalement par le passé des auteurs et on en parle dans l’interview ci-dessous, est que je trouve qu’il plane dans ce livre la menace d’un mal-être important pour l’ado. J’ai eu l’impression que si on ne fait pas l’effort de suivre les conseils, son enfant pourrait entrer en dépression avec toutes les conséquences dramatiques que cela peut avoir. D’un autre côté, l’adolescence n’est pas une période facile, donc c’est bien d’en parler. C’est pourquoi dans l’ensemble, je pense que ce livre pourrait aider les parents (eux-même HP ou non) avec un ado HP à la maison.

Parents d’ados à haut potentiel, les 80 clés dont on ne vous a jamais parlé ! à 15,90 €

Rencontre avec les auteurs de Parents d’ados à haut potentiel

Bonjour Isabelle et Pablo, pouvez-vous vous présenter brièvement ?
Nous sommes un duo d’experts mère-fils qui accompagne les adolescents en scolarité et orientation et leurs parents en harmonie familiale, avec une spécificité haut potentiel.

Discussion sur l'IEF, l'adolescence et le haut potentiel

Pablo a commencé son instruction en allant à l’école. Qu’est-ce qui a provoqué sa déscolarisation ?
Pablo a très bien démarré sa scolarité, il était heureux de découvrir l’école et de se dire qu’il allait apprendre. C’était un bon élève avec quelques particularités (précocité et dyspraxie notamment) pour lesquelles nous n’avons pas bien été guidés par le personnel éducatif, mais Pablo s’est toujours adapté. La situation a commencé à se détériorer à partir du CM1 puis du harcèlement scolaire a démarré en CM2 : ses meilleurs amis de l’époque sont devenus ses harceleurs. Nous l’avons changé d’école en cours d’année. Une autre forme de harcèlement, basé sur l’exclusion et le rejet, a commencé à partir de la 5e. Pablo avait alors entamé une profonde dépression et avait des envies suicidaires qui m’empêchaient de dormir la nuit. Après un nouveau changement d’établissement, ça a recommencé en quatrième. À chaque fois, les réponses que nous avions reçus des établissements étaient soient insuffisantes, soit inexistantes. C’est cette année-là que je me suis dit que j’étais prête à tout et que je préférais qu’il n’aille plus jamais à l’école plutôt qu’il perde la vie, car sa vie était réellement en danger.

Pour chacun de vous, qu’est-ce qui a été le plus difficile lors des premiers temps en instruction en famille ? Et le plus facile ?
Au début, le plus dur a sans doute été de lâcher prise et d’introduire ce nouveau mode de vie de façon soudaine et en allant contre la volonté de Pablo qui, notamment à cause du discours de certains professionnels, se disait qu’il allait devenir « associable » s’il n’allait plus à l’école. Surtout que les premiers temps d’IEF consistaient surtout à le laisser ne rien faire de ses journées, car il avait un besoin vital de décompresser. Et ce n’est pas facile d’accepter que son enfant lâche tout pendant un certain temps.
Le plus simple a été de se rendre compte que Pablo savait très bien travailler seul ! En effet, avec mon mari, nous nous étions organisés pour être en permanence disponibles pour l’aider, lui pour les matières scientifiques et moi pour les matières littéraires. Mais nous nous sommes vites rendus compte que nous n’avions jamais eu aussi peu à faire, car il était autonome et assidu, et savait chercher les ressources (sur internet notamment) avant de nous solliciter.

Est-ce qu’ensuite Pablo a repris le chemin de l’école ? Comment s’est-il préparé pour le bac ?
Non, il n’est plus retourné à l’école. Concernant le collège, il était clair qu’il ne voulait plus en entendre parler. Le début du lycée a concordé avec un moment où nous avons décidé de déménager pour changer de vie. Nous avons discuté de s’il voulait essayer, notamment car le lycée nous semble être une période globalement plus agréable (liberté, autonomie, maturité…) que le collège. Mais comme le rythme de vie qu’il avait trouvé lui convenait, il a continué ainsi jusqu’au bac.
Pour se préparer, il a suivi son organisation habituelle en se réservant le jour de la rentrée pour planifier toute l’année et bien répartir les séquences de cours. En première, nous n’avons pris que les cours de français avec le CNED, afin qu’il se focalise dessus pour les épreuves anticipées du bac. En Terminale, année plus chargée, nous nous sommes bien dits qu’il ne devait pas hésiter à contacter ses professeurs-tuteurs en ligne et ne jamais rester trop longtemps bloqué sur une notion du programme. Il pratiquait (et le fait toujours !) beaucoup la visualisation ou encore la cohérence cardiaque afin d’être en bonne forme pour réussir son examen. Avant une épreuve, il faut surtout bien garder en tête qu’on va faire ce qu’on nous demande, ni plus ni moins, et être concentré du début à la fin. Après tout, ce ne sont que quelques heures dans toute une vie !

À la lecture de votre livre, on a l’impression que le mal-être attend tous les ados à haut potentiel si on n’y prête pas garde. Le risque est-il si élevé que ça ? Est-ce une étape obligatoire de leur adolescence ?
Nous cherchons à avertir quant aux signes de mal-être et à ne pas tarder à réagir quand ils surviennent, c’est pour cela que nous pouvons en parler assez souvent. Pour autant, ce n’est en rien une étape obligatoire de l’adolescence des hauts potentiels, juste un phénomène auquel il faut être attentif, en particulier pour ces profils. En effet, s’ils peuvent bien s’adapter à leur environnement, ils peuvent très mal vivre leur décalage avec les autres. Quand ce dernier est cumulé à une volonté d’indépendance vis-à-vis des parents, caractéristique de cet âge, l’adolescent HP peut se retrouver isolé et manifester des symptômes dépressifs, comme Pablo l’a vécu et comme nous l’observons chez certains ados HP.

On sent aussi une certaine complicité entre vous, à travers les exemples et les astuces pratiques. En a-t-il toujours été ainsi ? Est-ce lié au fait que vous êtes tous les deux HP ?
Eh non, il n’en a pas toujours été ainsi ! Il y a 7 ans à peine, nous étions à mille lieues de s’imaginer travailler ensemble, et encore moins d’écrire un livre à quatre mains !
Les problèmes qu’a vécu Pablo durant sa scolarité avaient petit à petit érodé la confiance qu’il avait en moi, car dès que je le valorisais, il refusait et me répondait que je le disais parce que c’est mon fils et que ça ne pouvait pas être vrai avec ce que “tous les autres” lui renvoyaient. Recréer le lien de confiance n’a pas été simple car nous manquions d’outils et d’entourage, c’est pour cela que nous accompagnons les ados, les jeunes et leurs familles.
Être tous les deux HP accentue sans doute encore plus notre complicité, car faire partie d’un échantillon statistiquement faible de la population fait que nous sommes d’autant plus heureux de nous comprendre entre nous !

Interview des auteurs du guide Parent d'ados à haut potentiel

Un dernier mot pour les parents de pré-ado HP, ceux qui se préparent à l’arrivée de l’adolescence ?
Ayez confiance en vous et en votre pré-ado, mais surtout ne tardez jamais à vous faire aider ou accompagner si vous en ressentez le besoin. Avec un HP qui plus est, c’est presque inévitable au vu des ressources qu’ils demandent ! Beaucoup de personnes croient qu’il est trop tard pour agir à l’adolescence, mais ce n’est pas le cas. Il s’agit d’une phase critique où l’on peut encore réagir pour bien débuter la vie adulte.

Merci beaucoup à Isabelle et Pablo pour leurs temps. N’hésitez pas à vous rendre sur leur site internet pour en savoir plus sur l’aide qu’ils proposent aux familles d’adolescents HP : Scolarité au Top.

Poursuivez votre lecture avec d’autres témoignages sur la même thématique :
– Adélaïde a déscolarisé sa fille suite à une phobie scolaire, en maternelle ;
– Dounia a demandé à ses parents de faire son année de 4ème en IEF.

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