Ce sont les couleurs qui m’ont le plus attirée vers le compte Instagram IEF Lili. Ainsi que le dynamisme qui se dégage des activités présentées, des projets menés. Je suis donc ravie de vous présenter aujourd’hui, par le biais d’une interview, Lili-Rose et sa maman Dorothée. D’ailleurs, certains d’entre vous ont déjà entendu parler d’elles sous un autre nom : Asper Girl, d’après le titre du premier livre réalisé par Lili-Rose.
Toutes les photos qui illustrent cet article nous ont été fournies par Dorothée Ossart et ne sont pas libre de droit, comme toutes celles sur le blog Mon autre reflet.
Bonjour et bienvenue sur Mon autre reflet. Pourriez-vous vous présenter toutes les deux ?
Je m’appelle Lili-Rose, j’ai 12 ans, j’habite à la campagne, dans le Nord de la France. Je suis passionnée d’Histoire, particulièrement par Louis XIV, de dessin et de littérature (Zola, Harry Potter, Agatha Christie…). Mon héroïne préférée est Anne de Green Gables ! Nous faisons l’instruction en famille depuis mes 6 ans.
Je suis Dorothée, je suis artiste plasticienne, créatrice textile et illustratrice.
Pour quelles raisons avez-vous opté pour l’instruction dans la famille ?
Lili-Rose a déclaré une phobie scolaire à l’entrée au CP, un TSA (trouble du spectre autistique) et un TDAH ont aussi été diagnostiqués. Nous avons alors cherché des alternatives qui pourraient correspondre au profil atypique de Lili-Rose. Respecter ses particularités et en faire des points forts nous paraissait primordial, mais impossible au sein de l’école classique. Nous avons alors découvert l’instruction en famille lors de recherches sur internet. Après avoir regardé le documentaire Être et devenir avec mon mari, nous étions certains que c’était ce qu’il nous fallait à tous.
Sur votre blog, qui n’est plus mis à jour, on peut lire « la méthode, c’est qu’il n’y en a pas ». Alors comment fonctionnez-vous au quotidien ainsi que sur le long terme ?
Le blog sera bientôt intégré à mon site professionnel. On pourra retrouver des séquences d’apprentissages plus détaillées, nos traditions de l’année, nos créations… car finalement cela forme un grand tout.
Je dis qu’il n’y a pas de méthode, mais affirmer cela en est quasiment une 🙂 Je veux dire par là que nous évoluons chacune dans les apprentissages en suivant notre intuition. Je sais vaguement quels thèmes j’aimerais proposer à Lili-Rose dans les semaines suivantes mais ce n’est pas une obligation, si autre chose se présente alors nous bifurquons. Souvent le matin j’ouvre un livre, nous faisons quelques exercices formels piochés au hasard par exemple. Paradoxalement, j’aime créer des supports pédagogiques à l’aquarelle et préparer des séquences thématiques que j’offre par surprise un beau matin à Lili-Rose. Nous piochons dans toutes les pédagogies alternatives ou classiques, selon les besoins.
Du préparé/lâché prise, voilà notre recette toute personnelle. C’est comme cela que nous ne nous essoufflons pas, que l’on conserve une belle énergie et toute notre créativité !
Lili a publié deux livres sur l’autisme. D’où est venu l’envie d’une telle création puis comment a été mené le projet ?
Lili-Rose :
J’ai écrit et illustré « Asper-Girl » à 6 ans pour expliquer à mes anciens camarades de classe pourquoi j’avais quitté l’école et surtout ce qu’était l’autisme Asperger. J’en avais assez de répondre toujours aux mêmes questions, je voulais passer à autre chose, l’idée d’un livre est venue. Ça a été un travail long, je devais faire tous mes dessins pour avril, mois de sensibilisation à l’autisme. Je m’étais fixé moi-même cet objectif. Je dictais mes textes à maman car à l’époque j’avais des difficultés pour écrire.
L’année dernière, j’avais à nouveau des choses à raconter, il fallait que j’écrive et dessine à nouveau ! Ça me démangeait ! De la même façon, je me suis donné un objectif, une date à laquelle je devais avoir fini ce second tome. J’ai noté toutes mes idées et je me suis lancée dans la peinture et l’écriture de « Asper-Girl grandit ». Cette fois, le livre traite de l’adolescence et des difficultés sociales que peut éprouver une personne avec autisme.
Le premier tome « Asper-Girl » ne se trouve plus qu’en ebook ici.
Le second tome « Asper-Girl grandit » est disponible ici.
Quant à vous Dorothée, vous êtes créatrice textile mais aussi créatrice de supports pédagogiques. Comment arrivez-vous à tout concilier avec la gestion de l’instruction en famille ?
Oui j’ai plusieurs casquettes en effet, artiste peintre, créatrice textile, illustratrice, et j’ai commencé l’écriture… Je me lève assez tôt, vers les 4h le matin pour pouvoir tout concilier. Je travaille dans mon atelier jusque 7h, je peins, je dessine, je lis, je couds, j’écris (je suis sur un projet de livre pour enfant)… bref je fais tout mon travail et projets artistiques personnels ; j’enchaîne ensuite avec Lili-Rose que j’accompagne dans ses projets et ses apprentissages. Nous ne faisons jamais de longues cessions de travail, c’est contre-productif chez nous. Nous alternons tout au long de la journée : moment à deux, moments seules, libres et autonomes. L’après-midi, je travaille à nouveau pour mes projets personnels, parfois je prépare des supports pour l’IEF. J’ai besoin aussi d’aller marcher, me balader, faire du yoga, pour tenir jusqu’au soir. Mon travail, l’instruction, la création, les apprentissages… tout est mêlé, c’est devenu notre style de vie.
Avez-vous en tête une date de « fin » pour l’instruction en famille ? Un projet de scolarisation pour Lili ?
Lili-Rose ne souhaite pas retourner à l’école pour le moment. Je pense qu’elle n’ira jamais au collège ni au lycée. C’est tellement éloigné de sa façon d’appréhender les sujets. Je l’imagine éventuellement à la fac ou dans une école professionnelle et très spécialisée. Bien entendu, elle reste libre de ses choix et nous l’épaulerons quoi qu’il arrive. Elle ne souhaite pas passer son bac mais continuer à se former en autodidacte à l’illustration puis se lancer en free-lance, elle veut également écrire des romans, poursuivre des recherches en Histoire et aussi devenir pédagogue. Tout un beau programme !
Merci à vous deux d’avoir pris le temps de répondre à nos questions.
Quant à vous lecteurs, n’hésitez pas à découvrir leur univers sur Instagram et leurs ressources pédagogiques sur Etsy. Poursuivez également la lecture avec une précédente interview dans laquelle nous rencontrions une autre adolescente autrice en instruction en famille.