Aujourd’hui je vous propose de rencontrer Adriel, 9 ans, qui a une idée très précise de ce qu’il veut faire de sa vie. Il veut devenir violoniste et plus précisément soliste.
Discussion avec sa maman sur l’origine de cette envie, ce que cela représente au quotidien et les difficultés sur son chemin.
Bonjour Lana, peux-tu me présenter ta famille ?
J’ai quatre enfants. Ils sont tous les quatre instruits en famille (en IEF) depuis environ trois ans, pour différentes raisons, mais mon grand ira au lycée l’an prochain. Adriel a 9 ans, et les autres 14, 11 et 6 ans.
Vous avez donc commencé l’instruction en famille avant qu’Adriel ne souhaite se lancer dans une pratique professionnelle du violon. Comment est né son envie ? Est-il le seul de la famille dans cette démarche ?
L’aîné avait commencé le violon dans une école de musique du village juste pour la culture générale et sans attentes particulières, avant d’intégrer le CRR (conservatoire à rayonnement régional).
Adriel, le troisième de la famille, est un enfant vif et intelligent mais il a un profil fortement kinesthésique et grand besoin de bouger. Il ne trouvait pas sa place à l’école, alors nous l’avons déscolarisé. C’est en fouillant dans la cave qu’il a retrouvé le petit violon du grand frère et l’a ramené à la maison. Il s’y est beaucoup intéressé et le sortait presque tous les jours. Son grand frère lui a expliqué le nom des cordes et donné ses anciennes partitions. Adriel a déchiffré lui-même ses premiers morceaux et m’a alors supplié de lui prendre des cours. Je lui ai expliqué qu’il devrait travailler tous les jours, et il a été d’accord. Un mois après le début de cours il m’a dit qu’il voulait devenir soliste.
Depuis, il y a eu des hauts et des bas mais son envie ne l’a pas quitté. Il travaille beaucoup et avance à grands pas, si bien qu’aujourd’hui nous devons prendre des décisions sur sa carrière que je n’aurais même pas imaginées il y a deux ans.
Mes autres enfants sont également très doués pour la musique mais n’envisagent pas de carrière musicale pour le moment.
Actuellement le violon occupe plus d’heures dans son quotidien que les enseignements classiques de l’éducation nationale. Comment équilibrez-vous le tout ?
Adriel fait environ trois ou quatre heures par jour de violon, mais on ne compte pas vraiment. Il a beaucoup d’avance scolaire alors je peux me permettre de lâcher du lest et favoriser sa passion.
Par contre, le défi de la nouvelle année sera de faire apprendre trois langues (anglais, allemand et russe) à notre petit violoniste pour que ce ne soit pas un souci lors des masters classes (c’est à dire des cours individuels ouverts au public, cours assurés par des « maîtres », des professionnels de haut niveau).
Au niveau de l’instruction scolaire, depuis six mois on avance comme ça vient, avec des livres, des projets…
Penses-tu qu’Adriel pourrait avoir une pratique musicale similaire en fréquentant l’école ? Ne serait-ce pas intéressant pour lui d’intégrer une CHAM, Classes à Horaires Aménagées Musique ?
Malheureusement, en France il n’y a pas grand-chose pour des enfants comme lui…
Le niveau des conservatoires est inégal et la CHAM n’apporterait pas grand-chose dans son cas puisque ce qu’il gagnerait en suivant un deuxième cours de violon*, il le perdrait en temps de travail (puisqu’il aurait l’obligation d’aller à l’école).
Les grands professeurs adaptés à son cas se comptent sur les doigts d’une main, ce qui suppose beaucoup de frais et de déplacements. D’ici un ou deux ans il aura le niveau pour participer à de grands concours internationaux pour enfants et, s’il en est lauréat, prétendre à des bourses ou fonds privés pour l’aider à progresser. Il pourra aussi donner des concerts. Mais ce ne sera possible que s’il reçoit une formation de très haute qualité maintenant, ce qui est très prenant et coûteux.
C’est le serpent qui se mord la queue !
Merci beaucoup Lana d’avoir pris le temps de répondre à mes questions et d’avoir pointé du doigt l’investissement nécessaire tant au niveau de la pratique musicale que sur un plan financier. La photo et la vidéo sont la propriété de Lana et Adriel.
Découvrez une autre enfant non-scolarisée qui possède une idée bien précise de son avenir : Apolline, ado, autrice et formatrice.
* CHAM signifie classe à horaires aménagées Musique. Ce type de classe se fait au sein de l’enseignement public aussi bien en primaire qu’au collège. L’enfant suit de 3 à 5h de cours de musique en primaire puis 5 à 7h au collège. Au niveau du primaire, cela correspond en réalité en moyenne à une heure de plus par semaine par rapport à une inscription dans un conservatoire.
Très beau parcours. Je lui souhaite de réussir à suivre son rêve !