Témoignage : déscolariser un enfant en mal-être à l’école

Toujours dans le but de vous montrer la diversité qui existe dans les familles ayant fait le choix de l’instruction en famille, aujourd’hui je vous présente Yza, responsable de la boutique Mon autre reflet, qui a fait le choix de déscolariser son enfant qui était en mal-être à l’école.

Si j’ai déjà interviewé Yza (ici), c’était uniquement pour parler de sa démarche dans la conception des produits pédagogiques qui sont proposés. Cette fois, la discussion est plus personnelle, quoique finalement un brin universelle, puisqu’elle évoque ce soin qu’ont les parents de chercher à faire au mieux pour leurs enfants.

Bonjour Yza, peux-tu nous présenter ta famille ?
Avec mon mari nous sommes les heureux parents d’une grande fille de 8 ans ½ et d’un garçon de 6 ans.
Nous sommes tous deux des informaticiens, un peu geeks sur les bords par moment 😉.
Alors que mon mari est plutôt calme et casanier, je suis une vraie pile et je ne sais pas rester à rien faire 😅.
En ce qui concerne ma fille, elle est assez réservée quand elle ne connaît pas les gens qui l’entourent. Mais une fois qu’elle est à l’aise, rien ne l’arrête !
Quant à mon fils, une fois qu’il est à l’aise, il adore raconter des blagues ! Et c’est un vrai moulin à paroles comme sa mère 😉.

portrait Yza

Pour ton aînée, l’instruction en famille n’était pas votre premier choix. Ainsi elle est allée chez une nounou puis en école maternelle. Comment ça se passait ?
À dire vrai, si j’avais pu, j’aurais arrêté le travail à la naissance de ma fille. Devoir la mettre chez une nounou après mon congé parental a été un vrai crève-cœur. J’ai d’ailleurs fait 7 entretiens avant de trouver une nounou qui correspondait à Maëly (une nounou calme, douce, attentionnée). Ça a été d’autant plus difficile que je l’allaitais encore (elle avait 9 mois). Mais on peut toutefois dire que son passage chez la nounou s’est relativement bien passé. Elle était avec 3 autres enfants qui avaient à peu près son âge et avec qui elle s’entendait bien.
Pour l’école, ça s’est beaucoup moins bien passé : elle pleurait beaucoup lorsque je la déposais, elle restait assise sur le banc pendant la demi-heure de jeux libres, elle n’allait pas vers les autres et à la récréation elle restait à côté des institutrices. Heureusement, je ne la mettais que le matin (j’avais pris un congé parental pour son petit frère).

Finalement, à la fin de sa petite section, vous avez fait le choix de la déscolariser. Qu’est-ce qui a été le déclic ? Était-ce un choix à durée limitée ?
Pendant l’année où ma fille était à l’école, j’allais à des réunions de parents sur la CNV (communication non violente) animées par Arnaud Deroo.
C’est lors de ces réunions que j’ai rencontré deux familles IEF (instruction en famille) qui m’ont expliqué que j’avais le droit d’instruire mes enfants et que l’école n’était pas obligatoire.

Au début de l’année scolaire, nous ne nous doutions pas du mal être de notre fille. Elle était encore petite (2 ans et 9 mois) et elle ne laissait rien paraître. C’est au bout de quelques mois que nous nous sommes vraiment posés des questions car elle perdait ses cheveux. Nous n’avons pas fait le rapprochement de suite et nous sommes allés consulter un dermatologue. Ce dernier n’ayant rien trouvé de particulier, il nous a demandé si notre fille était stressée par quelque chose. C’est là que ça a fait tilt !
Nous avons essayé de faire dire à notre fille ce qui n’allait pas mais sans succès. À cette période, les enfants préparaient déjà la fête de fin d’année et ma fille voulait absolument y participer. Sans cela, nous l’aurions retiré beaucoup plus tôt.
Pourquoi n’avons-nous pas réagi plus tôt ? Le fait est qu’à l’époque nous laissions trop les gens nous influencer et nous dicter notre conduite. Un peu comme à la maternité où tout le monde sait ce qu’il faut faire mais en fait … non ! Nous n’avions pas assez de recul et nous nous posions les mêmes questions que toutes les personnes qui ne connaissent pas l’IEF : comment va-t-elle se faire des amis, va-t-elle rester enfermée à la maison…

Pour ce qui est de la durée de l’IEF, nous pensions profiter de mon congé parental pour le petit frère et essayer un an pour voir si cela fonctionnait. Nous ne savions pas du tout combien de temps nous le ferions.

Comment se sont passés les premiers mois en IEF ?
À dire vrai, je faisais déjà un peu l’IEF sans le savoir lorsque ma fille était à l’école puisque l’après-midi, comme elle ne voulait pas faire la sieste, je lui proposais diverses activités.
Quelques semaines après l’arrêt de l’école, nous nous sommes aperçus que son état s’améliorait et qu’elle ne perdait plus ses cheveux. C’est là que nous avons compris que notre choix était le bon.

Aujourd’hui tu as donc deux enfants instruits en famille. Peux-tu nous dire ce qui est le plus important pour toi dans l’instruction en famille que tu leur proposes ? Quelles grandes idées te permettent de prendre tes décisions ?
Le plus important à nos yeux est que nos enfants se sentent bien dans leur peau, qu’ils soient fiers de ce qu’ils entreprennent, que leurs rythmes biologiques soient respectés et qu’ils s’épanouissent dans leurs apprentissages et leurs relations aux autres.
Ainsi, nous avons pu découvrir, quatre ans après le début de notre aventure d’instruction en famille, que ma fille en avait gros sur la patate après son passage à l’école : ses camarades se moquaient d’elle et elle avait peur d’eux à la récréation. C’est là que j’ai compris pourquoi elle n’allait jamais vers les autres et qu’elle manquait cruellement de confiance en elle. Heureusement, après quelques séances avec une psychologue, elle a fait d’énorme progrès, a repris confiance en elle et parle plus facilement aux autres.

J’ai beaucoup évoluée depuis ce mois de septembre 2015 où je démarrais l’IEF avec ma fille. Et je continue d’évoluer. Nos enfants nous prouvent chaque jour qu’ils apprennent énormément par eux-mêmes, pourvu qu’on leur mette à disposition un environnement suffisamment fourni (livres, documentaires, matériels pédagogiques, jeux de société, etc.) mais aussi en les accompagnant dans leurs questionnements et leurs centres d’intérêts (sorties dans les musées, ateliers sciences, débats philosophiques, etc.)

Ainsi, je leur propose régulièrement des sorties pédagogiques, stages ou ateliers en groupe avec d’autres familles IEF (hors vacances scolaires) ou enfants scolarisés (pendant les vacances).
De même, ils choisissent en début d’année les activités qu’ils souhaitent faire (sport, musique, etc.)
Et en fonction de leurs questionnements, nous faisons des recherches et créons des documents thématiques (lapbooks, fiches personnages, …)

Lapbook sur la terre

Tu souhaites que tes enfants soient plus ou moins au même niveau que les enfants de même âges scolarisés. Comment fais-tu pour être en adéquation avec le programme ?
Même si je souhaite être au plus près des désirs de mes enfants en matières d’instruction, je fais en sorte de les préparer à une reprise éventuelle d’une scolarité normale. Ainsi nous faisons une à deux heures de travail formel dans des manuels quatre à cinq jours par semaine.
Pourquoi ? Tout simplement parce que j’ai besoin d’être rassurée sur leurs connaissances et aussi parce que je veux qu’ils ne soient pas déroutés s’ils doivent un jour reprendre le chemin de l’école.
J’avoue toutefois que j’ai tendance à diminuer le temps formel d’une année sur l’autre car je me rends compte qu’ils apprennent énormément sans cela (et de façon plus rapide car non dirigée). C’est donc un travail que je fais sur moi pour leur imposer le moins de choses possibles.
Et lorsque j’ai besoin d’être rassurée, je pose des questions en lien avec le programme sous forme de jeu. Dans le cas où il y a des lacunes, j’explique jusqu’à ce que la notion soit comprise et on la revoit quelques temps plus tard.
Le contrôle annuel de l’Éducation Nationale me permet de voir que je m’inquiète pour rien puisque tout se passe bien à chaque fois ! Dur dur de chasser le naturel … mais je ne désespère pas d’y arriver 😀 !

Mis à part les déclarations du président M. Macron, as-tu en tête une date de fin pour l’instruction de tes enfants ?
Aucune ! Je souhaite accompagner mes enfants le plus loin possible dans leurs apprentissages.
Mais s’ils en font la demande, ils reprendront les chemins de l’école.

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