Je ne sais pas qui a besoin d’entendre ça mais à l’intention des parents dont l’enfant est instruit en famille (IEF) : vous n’êtes pas obligé de finir ce manuel. Ni de poursuivre toute l’année avec ce même professeur particulier. Ni d’aller jusqu’au bout de l’abonnement à cette box ou ce programme.
Vous savez, celui qui fait râler les enfants, qui provoque des pieds qui traînent et des minis révolutions, celui qui permet des apprentissages au ralenti.
Essayer et non s’entêter
On cherche probablement tous le meilleur pour nos enfants. On veut du matériel pédagogique de qualité sur le contenu et sur la forme, c’est-à-dire qui permet à l’enfant concerné d’apprendre sans râler.
Les avis en ligne et les conseils des autres parents instruisant aussi à la maison, sont des indices qui nous poussent dans une direction ou une autre. Quand un manuel ou une méthode semble faire l’unanimité, on espère aussi en bénéficier.
Essayer est normal.
Il faut même prendre le temps d’essayer correctement. En tant que responsable de l’instruction, cela inclut de lire les objectifs pédagogiques et les conseils pour la mise en place. On ne peut pas juger une méthode en une seule fois.
On peut même prévoir un ou deux mois pour comprendre la méthode et son fonctionnement, tenter de faire des ajustements et observer les effets sur l’enfant ou l’adolescent. Mais passé ce délai, si ça ne plaît pas : cela ne sert à rien de s’entêter.
Quand les enfants refusent d’utiliser le matériel, le trouvent « nul et pourri », commencent à détester la matière jusqu’ici appréciée : cela ne sert à rien de s’entêter.
Les fausses bonnes raisons pour ne pas arrêter
On peut hésiter à abandonner un manuel ou un cours par correspondance pour plusieurs raisons :
• tout le monde en dit le plus grand bien ;
• on a déjà payé et on ne peut pas être remboursé ;
• l’aîné l’a utilisé avec beaucoup de plaisir ;
• il faut trouver une alternative.
Pour être exact, il est rare que tout le monde soit unanime et que tous les enfants aient apprécié. Ce sont plutôt toutes les personnes qui se sont exprimées sur le sujet qui en disent le plus grand bien. De plus, il n’y a pas deux enfants pareils, l’exemple le plus simple est de regarder comment les enfants d’une même fratrie ont appris à lire. Si chacun a utilisé une technique différente à ce moment-là, pourquoi n’en irait-il pas de même pour les manuels niveau collège ?
D’ailleurs sur le sujet, je vous ai déjà proposé un article en format podcast : quel matériel faut-il pour faire l’IEF ?
Pour les alternatives, impossible de le nier, abandonner une méthode nécessite de trouver un autre support si on ne veut pas abandonner la matière. Mais si on y réfléchit sérieusement : n’est-il pas possible de remplacer une séance avec le manuel mal-aimé par un film documentaire visionné par l’enfant ? Pendant ce temps, vous avez la disponibilité (en temps et concentration) pour trouver un autre plan. On peut même dans certaines circonstances y réfléchir autrement : préférez-vous entendre votre enfant râler tous les jours pendant des mois ou passer une soirée sur votre ordinateur pour commander autre chose ?
Enfin, il reste la question du coût.
Accepter le coût irrécupérable
C’est une notion d’économie comportementale qui permet de prendre de la distance avec certaines réactions spontanées.
Dans certains cas, il est possible d’obtenir un remboursement au moins partiel (dans le cadre d’un cours par correspondance, d’une inscription à un atelier, etc.). Autrement, c’est ce que l’on nomme un coût irrécupérable. Il s’agit d’un coût que l’on ne peut pas récupérer quoiqu’il arrive. Un coût que l’on va perdre…
Quand on abandonne un manuel après deux chapitres, on a l’impression d’avoir perdu 30 € (oui, les manuels coûtent chers en France). Alors que si le manuel est utilisé jusqu’au bout, on a l’impression d’avoir bien investi ces 30 €. Dans les deux cas, la dépense est faite et ne pourra pas être récupérée.
Alors ne vaut-il pas mieux accepter que c’est perdu pour se concentrer sur quelque chose de plus constructif ?
Sur Wikipedia, on a un exemple assez frappant, qui j’espère vous inspirera.
Au cinéma, face à un film nul, le spectateur reste jusqu’à la fin du film pour ne pas perdre le prix du billet d’entrée. À l’inverse, il part avant la fin s’il n’a pas payé (billet offert). Mais que dire de l’heure que l’on passe dans cette salle de cinéma ? Quel est le coût en temps, énergie, bien-être ?
En instruction en famille, nous ne devrions être dirigés que par une seule boussole, éventuellement deux : l’enfant et nos valeurs. Les temps d’instruction devraient se dérouler dans une ambiance stimulante et non dans l’opposition et le dégoût.
Alors abandonnez cette méthode qui ne vous convient pas, sortez-là de votre esprit, et passez à autre chose.