Mon avis sur le livre Des inégalités sociales

Cet avis a été rédigé par Yza. Mais en le relisant, j’ai eu envie de découvrir cet album. Du coup, j’ajoute mon grain de sel un peu plus bas, mais je lui laisse en priorité la parole.

J’ai pour habitude, lorsque je vais à la bibliothèque, de feuilleter des livres un peu au hasard pour découvrir de nouveaux sujets ou aborder des thèmes auxquels je n’ai pas forcément pensé. Cette fois-là, je suis tombée sur une maison d’édition indépendante que je ne connaissais pas (Rue de l’échiquier jeunesse) et qui publie des textes de sensibilisation sur des thèmes comme : la démocratie, la dictature, les hommes et les femmes ainsi que les inégalités sociales, que je vais vous présenter ici.

PublicÀ partir de 5 ans
UtilisationEn autonomie ou non
Compétence du socle communEnseignement moral et civique
Type de pédagogieNon concerné
Prix14,90 € – commander maintenant

Présentation du livre Des inégalités sociales

Le texte de ce livre a été écrit peu après la fin de la dictature du général Franco en Espagne, une période qui a très probablement influencé les mots et le ton de cet album. Les illustrations sont nouvelles et propres à cette édition publiée pour la première fois en espagnol en 2015.

Pour rappel : le franquisme, fondé par le général Franco, est un mouvement politique qui soumet la population à une dictature. Il a été créé à la suite de la guerre civile espagnole et a duré 36 ans. Il s’appuie sur l’armée, l’église catholique et sur des acteurs politiques n’ayant aucun réel pouvoir. Les éventuelles oppositions sont étouffées et le pouvoir économique est entre les mains de grands industriels ou de riches propriétaires terriens.

L’ouvrage Des inégalités sociales met le lecteur dans l’ambiance dès le début puisque sur la première page se trouvent quatre images accompagnées de ce texte (repris en quatrième de couverture) :
« Tous les hommes sont égaux. Mais il y a des choses qui les rendent inégaux : la force, le pouvoir, l’argent et la culture. »
Tout est dit ici et ça retranscrit bien le message que ce livre veut faire passer, notamment par le biais des illustrations pour que cela soit accessible aux enfants. Dans ce livre on peut y voir des gens de toutes couleurs de peaux (la coloration des illustrations est un peu particulière car les couleurs utilisées sont uniquement le noir, le blanc et des variations de l’orange, du vert, et du jaune).

Par ailleurs, si le texte ne prend pas en compte la question de l’inégalité lité aux sexes, l’une des illustrations s’en charge en ajoutant la mention « et des femmes » pour compléter la phrase « parce que tous les hommes sont égaux ».

La postface rédigée pour cette nouvelle édition commente le fait que rien n’a vraiment changé. Il y a toujours des riches qui dirigent et qui veulent devenir de plus en plus riches, des pauvres qui forment la majorité de la population et qui aspirent à devenir riches mais qui sont de plus en plus pauvres, et des classes moyennes qui sont coincées entre ces deux « mondes ».

Première page du livre Des inégalités sociales.

La couverture attire l’œil car elle est très colorée. L’illustration qui s’y trouve est aussi très représentative de ce que sont les diverses classes sociales encore aujourd’hui. Ça m’a aussi fait penser, d’une certaine manière, à l’image représentant le Tiers État, excepté que là il y a trois niveaux : les riches, les classes moyennes et les pauvres qui se font écraser par les deux autres.

En fin d’ouvrage se trouvent :
– des questions pour faire réfléchir les enfants sur ce qu’ils viennent de lire, en leur demandant leur opinion sur le sujet ;
– une mise en contexte de l’ouvrage aussi bien lors de sa publication dans les années 70 qu’aujourd’hui ;
– une petite présentation de l’illustrateur Joan Negrescolor.

Questions en fin d’ouvrage.

Ce sujet est-il vraiment adapté aux plus jeunes ?

Je pense qu’il n’est jamais trop tôt pour aborder certains sujets avec les enfants, dont celui des inégalités sociales.

Par ailleurs, vu qu’il s’agit d’un support adapté aux enfants (dès 5 ou 7 ans ici), on peut vraiment aborder le sujet des classes sociales de façon simple et avec des illustrations sur lesquelles s’appuyer pour expliquer les choses.

Cependant, c’est à vous seul de juger si votre enfant souhaite aborder ce sujet et si vous, parents, êtes prêts à l’aborder et en discuter avec lui.

Illustrations pour la classe des travailleurs.

Mon avis sur le livre des inégalités sociales

Parler des inégalités sociales est plus que jamais d’actualité. C’est pourquoi j’étais contente de trouver cet album jeunesse qui traite le sujet de manière simple et colorée.

Je trouve les textes très justes, ils obligent à réfléchir sur la société. Ça nous a d’ailleurs permis de débattre sur le sujet avec mes enfants (7 et 9 ans au moment de la lecture). On a donc philosophé un peu sur : « qu’est-ce que la richesse ? », « l’argent fait-il le bonheur ? », etc. C’était assez constructif et instructif.

Le texte comprend du vocabulaire précis et nomme les choses et leurs contraires. Ainsi on y trouve des paires de mots comme :
– dominants / dominés
– riches / pauvres
– inégaux / égaux
– décident / obéissent
– etc.

Le seul bémol en ce qui me concerne (mais c’est vraiment très personnel), ce sont les illustrations qui sont plutôt vieillottes. Mais je pense que cela doit être voulu car après tout, le texte date des années 1977-1978 et les illustrations lui collent plutôt bien.

Ici Tiphanya, qui s’incruste dans la discussion.
Je n’ai pas du tout accroché avec les illustrations et pas juste en raison du style (qui n’est pas à mon goût, mais c’est personnel). J’ai trouvé que les représentations liées aux pauvres étaient tirées de clichés souvent associés à d’autres pays.
Un exemple : chez les pauvres, bébé dort avec ses parents et son frère, chez les riches il est seul dans une belle chambre. Ajoutons le fait que la maman a des traits d’Asie de l’est. Qu’en est-il des classes moyennes supérieures qui pratiquent de plus en plus le cododo ? Est-ce que cela veut aussi dire que les gens d’Asie de l’Est sont tous pauvres ? Une autre page dans le même style montre des pauvres jouer dehors, en dessinant un avion dans la terre. Elle m’a de suite fait penser à certaines représentations appréciées des médias (et du photographe Steve McCurry) pour les régions d’Asie de l’ouest en guerre.
D’un autre côté, le texte est concis, militant, communiste, peut-être même un brin énervé (mais on comprend pourquoi). On entend l’envie de l’auteur que les classes populaires soient plus soudées pour gagner en poids face aux décisions importantes.

Riches versus pauvres.

Les plusavantages

Les moinsInconvénients

  • Accessible dès 5 ans
  • Illustrations explicites
  • Vocabulaire adapté
  • Questions pour le lecteur à la fin
  • Illustrations un peu vieillottes
  • N’aborde pas d’autres inégalités que les classes

Conclusion

Des inégalités sociales est un livre qui permet de réfléchir à sa propre place dans la société, et ce, dès le plus jeune âge.
J’avoue qu’avant de présenter cet ouvrage à mes enfants, je ne savais pas trop comment ils allaient réagir vis-à-vis de ce sujet. Finalement, j’ai été agréablement surprise du fait de leur intérêt et de leur questionnement.

Je trouve que les questions à la fin du livre permettent de réfléchir et invitent l’enfant à exprimer son opinion sur le sujet des classes sociales de façon constructive. En les sensibilisant dès le plus jeune âge, peut-être construiront-ils une autre société plus équilibrée et plus juste pour demain ? Ainsi, je ne peux que vous encourager à aborder des sujets sérieux via de bons supports littéraires, adaptés à vos enfants car, dès leur plus jeune âge, les enfants se questionnent énormément sur de nombreux sujets, y compris sensibles.

Voici d’autres ouvrages de la même collection et du même auteur (mais avec des illustrateurs différents) qui pourrait vous intéresser : de la démocratie, de la dictature, des femmes et des hommes.

Pour poursuivre la réflexion sur les inégalités, consultez notre dossier sur un éducation à l’anti-racisme.

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