La représentation est quelque chose d’extrêmement important. Les enfants ont besoin de livres-fenêtres (qui ouvrent sur le monde) et de livres-miroirs (qui les reflètent). Les livres avec des héros en instruction en famille sont rares, participant à la marginalisation d’un mode de vie et d’instruction, laissant les préjugés circuler.
Maintenant que ma fille a 11 ans, cela ne semble plus trop la toucher mais quand elle était petite c’était plus délicat car l’école est omniprésente dans les récits de vie quotidienne. Je lui avais donc raconté que l’autrice Eve Herrmann s’inspirait de ses filles, instruites à la maison, pour ses albums dans la collection Mes petites histoires Montessori. Cela n’apportait absolument rien aux histoires en elles-mêmes mais pour ma fille, cela faisait toute la différence (on avait même regardé des photos sur son blog). C’est pourquoi je vous propose ci-dessous une liste avec de l’instruction en famille plus ou moins présente.
Si je n’ai pas lu un livre, je le mentionne spécifiquement. J’ai fait le choix de tout mettre, même les textes que j’aime le moins (mais je le dis aussi) car il en faut pour tous les goûts.
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Albums sur l’instruction en famille
Voici plusieurs albums, techniquement pour les enfants les plus jeunes. Il n’y a vraiment pas beaucoup de livres alors qu’il y a une telle profusion d’albums strictement sur l’école…
→ L’école à la maison, Jonathan Bean
Ce livre écrit par un auteur lui-même instruit à la maison, présente le quotidien d’une famille. Le vocabulaire utilisé est principalement celui de l’école (voici mon professeur, le prof remplaçant, la cours de récréation, etc.) et il fait donc le lien entre deux modes d’instruction. Il est parfait pour créer le dialogue. J’aime beaucoup le fait que la maison ne soit pas parfaite, il y a un côté très chaleureux dans ce que l’on voit.
→ Anatole ne va pas à l’école, Marie Marchal
Cet album avec couverture souple présente la réalité de l’instruction en famille en France. Ainsi il est question des rendez-vous avec l’Éducation Nationale. Pour en savoir plus, je vous propose de lire mon article complet : avis sur Anatole ne va pas à l’école.
→ Mes petites histoires Montessori, Eve Herrmann
Il s’agit de la collection que j’ai évoquée en introduction. Ce n’est absolument pas sur l’instruction en famille mais sur la vie quotidienne sans aucune mention de l’école. Je l’ajoute ici car l’autrice s’est inspirée de ses enfants qui ont grandi sans aller à l’école. Puisqu’il y a si peu de livres, cela vaut le coup d’y jeter un œil. Personnellement j’aime beaucoup les illustrations.
→ Agathe apprend à chaque instant, Catherine Dumonteil-Kremmer
Je ne l’ai jamais eu entre les mains, mais c’est un livre souvent conseillé pour présenter les apprentissages informels. Il met l’emphase sur tout ce que l’on apprend par le biais de la vie quotidienne.
→ En bonus…
En anglais, il y a bien plus de possibilités. Ce sont des récits qui présentent l’instruction à la maison, un peu comme les livres qui expliquent l’entrée en maternelle. Je n’en ai lu aucun, je vous laisse juste ces pistes en cliquant directement sur chaque lien (j’ai tout de même fait attention aux commentaires pour me concentrer sur ceux qui ont des retours positifs).
The First Day of Homeschool, par Kaitlin Harris
Mama, Why I Am Homeschooled ?, par Jacy Ruwe (attention, le livre ne semble pas faire mention de l’IEF comme alternative à la phobie scolaire ou au harcèlement, mais uniquement comme choix de vie)
Miss Teacher Mom, par Katlynne Mirabal (celui-ci, j’ai bien envie de l’acheter)
My Schoolhouse rocks, par Katlynne Mirabal
Astuce vue sur le compte Instagram d’une professeur des écoles : pour déposer en classe des livres achetés en anglais, elle les traduit elle-même et colle sa traduction par dessus le texte. Les enfants peuvent ainsi le lire en autonomie.
Littérature jeunesse avec des héros en instruction en famille
Ci-dessous, je vous présente principalement des romans mais aussi un manga. Vous verrez que tous les enfants n’apprécient pas de la même façon leur vie en dehors de l’école.
→ Jack le téméraire, Ben Hatke, dès 8 ans
Dans cette BD, la nouvelle amie de Jack est instruite à la maison. C’est très brièvement évoqué quoique Jack ne connaissant pas trop le principe pose quelques questions. Le reste de l’aventure se déroule dans un univers incroyable et il n’y est donc jamais question d’écoles.
Petit bonus : l’auteur et sa femme ont fait le choix de l’instruction en famille pour leurs enfants.
→ Fifi Brindacier, Astrid Lindgren, dès 6 ans en lecture offerte ou 10 ans en autonomie.
Fifi est une héroïne bien connue grâce à différents dessins animés et films. Elle ne va pas à l’école et cela provoque même certaines situations surprenantes. Ainsi, quand ses amis sont tout excités à l’approche des vacances, elle se sent jalouse. Sans école, pas de vacances ! Alors elle décide de rejoindre l’école pour une journée. La critique du système scolaire est faite avec beaucoup d’humour… si on comprend l’école. Il est possible que l’adulte rit plus que l’enfant et cela ne sert donc à rien de le proposer trop tôt aux enfants.
→ Ida B: … Et ses plans pour s’amuser à fond, éviter les désastres et (éventuellement) sauver le monde, Katherinne Hannigan, dès 13 ans
Je n’ai pas lu ce roman. C’est un thème assez dur : Ida B. était heureuse en instruction en famille. Tout son monde s’écroule quand on diagnostique une maladie rare à sa mère. Sa maison devient trop silencieuse et elle doit se rendre à l’école où il y a bien trop de règles à suivre selon elle. J’ai trouvé un avis qui évoque un roman touchant avec une belle description des émotions.
→ The Kane Chronicles, Rick Riordan, dès 10-12 ans
Je n’ai pas lu ce livre mais c’est un auteur que j’aime bien et ma fille a tout lu et apprécié (elle a 11 ans). Dans ce roman d’aventures, les deux héros sont des descendants de dieux égyptiens. C’est l’occasion de plonger dans les mythes de l’Égypte antique avec un peu d’humour et beaucoup d’actions.
Les deux héros sont frères et sœurs. Si Sadie a eu une vie normale, Carter a suivi son père égyptologue à travers le monde. Il n’a jamais été scolarisé et il est un peu jaloux de sa sœur sur ce point. C’est plus, à mon sens, pour créer une aura au personnage que pour évoquer une autre forme d’instruction.
→ Le royaume de Kensuke, Michael Morpurgo, dès 8 ans
Le héros part faire le tour du monde en voilier avec ses parents pendant un an. La question de l’instruction à bord est évoquée sous différents aspects et c’est plutôt bien écrit. Bon, finalement le récit est une robinsonnade et le jeune garçon se retrouve naufragé sur une île presque déserte.
C’est un de mes auteurs préférés !
→ Heidi, Johanna Spyri, dès 9 ans
Voici une autre histoire bien connue, celle de la petite Heidi qui se retrouve à vivre dans les Alpes avec son grand-père bourru puis qui est embauchée pour s’occuper et distraire une jeune fille handicapée. Elle ne va jamais à l’école mais plusieurs formes d’instruction sont évoquées. C’est un beau récit mais très triste pour la petite Heidi.
→ Sans aller à l’école je suis devenu mangaka, Syoichi Tanazono, très ado/adulte
Techniquement ce n’est pas une histoire sur l’instruction en famille car c’est une biographie (en manga) qui se déroule au Japon. Si l’IEF y est légale, l’accès est compliqué. Les enfants sont donc considérés comme scolarisés même quand ils n’y vont plus depuis des mois ou des années. C’est le cas de l’auteur qui a d’abord eu du mal à se faire à la vie à l’école. Puis diverses situations non prévues vont l’entraîner dans une phobie scolaire. Le lien à l’école est vraiment très fort dans le texte même s’il n’y va quasiment jamais. Il ne reçoit d’abord aucune instruction mais il parvient finalement à trouver sa voie.
→ Le jardin secret, Frances H. Burnett, dès 7 ans en lecture offerte ou 10 ans en autonomie
Ce roman se déroule dans un manoir anglais, où trois enfants vont se rencontrer et, au contact des uns et des autres, grandir. Il n’y a pas d’école, pas même de véritable précepteur mais pourtant il y a bien des temps d’instruction et de lectures, en général directement dans le jardin.
C’est une très belle histoire d’amitié. Seule l’écriture un peu ancienne peut être un frein à la lecture suivant l’aisance de l’enfant qui lit.
→ Reine du fleuve, Eva Ibbotson, dès 9 ans en lecture offerte ou 13 ans en autonomie
Ce roman publié il y a quelques années me fait penser au Jardin Secret ci-dessus, publié 100 ans plus tôt. L’héroïne, Maia, se retrouve à vivre au Brésil suite à son adoption. Là-bas, elle reçoit son instruction d’une préceptrice. Ce n’est donc pas totalement de l’IEF mais cela s’en approche car elle reçoit une instruction sur mesure.
C’est également un très beau récit d’aventure qui questionne la place de chacun dans le monde en fonction de ses parents, de sa naissance mais aussi de ce qu’il aimerait faire. Je vous le conseille vraiment et j’avais écrit un article sur les activités autour de Reine du Fleuve que nous avions faites.
→ Lili Goth, Chris Riddel, à partir de 8 ans
Il s’agit ici d’un roman gothique avec beaucoup d’humour pince-sans-rire et de références à la littérature. Lili Goth, l’héroïne, ne sort quasiment jamais de chez elle où elle est instruite par une préceptrice. Là encore, ce n’est pas le format classique de l’IEF mais on y retrouve une grande dose de temps libre et des cours sur des thèmes que l’on peut (essayer) de choisir.
→ Stargirl, Jerry Spinelli – roman pour ado
C’est un véritable coup de cœur pour moi, un roman que j’ai lu à sa sortie et qui se passe dans un lycée. Stargirl (oui, c’est le prénom de l’héroïne) a été instruite à la maison toute sa vie et décide d’aller au lycée pour la première fois. Elle est franche, différente, unique. Elle attire/intrigue Léo qui n’ose pas sortir du moule de l’école. J’ai totalement oublié la fin, mais j’avais adoré et c’est pourquoi je vous le conseille. J’ai un vague souvenir d’ode à la différence (mais aussi de la réalité de la peur de la différence).
→ Souris, maman, Emilie Chazerand, à partir de 8 ans
C’est un roman que je n’ai pas lu mais qu’on m’a conseillé car le héros a grandi sans école et que l’ensemble est très drôle. Sauf que si je n’ai pas voulu l’acheter (et malheureusement je ne l’ai pas trouvé en bibliothèque), c’est que la maman est complètement loufoque et qu’elle ne veut pas que son fils aille à l’école. Lui, il a envie d’y aller et c’est le point de départ du récit qui est aussi un texte sur les enfants qui grandissent et gagnent en autonomie.
Si vous l’avez lu, déposez votre avis en commentaire !
Merci pour toutes ces belles idées de livres 🙂 Une belle façon de parler de l’instruction en famille avec son enfant, de réfléchir ensemble à ce qu’il apprend au quotidien et comment…
Exactement. Et ce ne sont pas des livres à réserver aux enfants instruits en famille. Cela reste de belles histoires pour les enfants scolarisés qui ont peut-être des enfants non-scolarisés dans leur entourage.