IEF – Que faire quand on se sent dépassé

Voici un article 100 % IEF (instruction en famille) à partir d’une question que l’on reçoit souvent des adultes qui ne connaissent pas ce mode d’instruction et que l’on n’ose pas forcément formuler : que faire quand on ne sait pas ? Ou même : faire l’IEF et se sentir dépassé, ne serait-ce pas un mauvais signe ? C’est pourtant un sentiment normal qui va concerner tous les parents (et pas qu’en IEF) à un moment ou un autre.

La gêne de ne pas être assez

Je comprends tout à fait l’embarras de cette sensation, quelque chose proche de la honte. C’est difficile à formuler à voix haute car tout autour de nous, on doit déjà faire face à des jugements nombreux. C’était dans mon article sur les petites phrases que l’on entend toujours en IEF.

Comment tu vas faire quand il sera au niveau collège ?
Et si elle veut apprendre le chinois / la physique quantique / le grec ancien, comment tu vas faire ?
As-tu un diplôme au moins ?

Nous passons notre temps à expliquer et à nous défendre. Cela laisse peu de place à l’expression des doutes, à la possibilité de demander de l’aide.
Comment dire que non, vraiment on n’a pas compris la leçon de maths de tel manuel sur tel ou tel point ? Il est normal de craindre comme réponse « tu vois, tu ferrais mieux de le scolariser ! ».

En IEF, être dépassé c'est déprimant mais normal
Parler français, c’est facile. Expliquer pourquoi on utilise telle ou telle préposition, c’est une autre paire de manches

Il n’y a pas de bon / mauvais moment pour être dépassé

On peut être perdu face à un enfant de 5 ans qui veut comprendre comment tel engin peut soulever d’énormes barres de métal ou par un adolescent qui souhaite commencer le grec ancien.

On peut aussi simplement se sentir dépassé car les questions ne nous intéressent pas. On sait bien qu’avec Google et un peu de patience, une vidéo explicative est à portée de clics. Mais on n’a pas envie, vraiment on s’en moque de savoir calculer la circonférence de la Terre ou de connaître le nom des différentes troupes de soldats pendant la première Guerre Mondiale. D’ailleurs, on doit préparer le repas, passer l’aspirateur et aller chercher un recommandé à la Poste…

Ce n’est pas une question d’âge (de l’enfant) ou de connaissance (de l’adulte).
Cela ne dit rien de votre capacité à instruire l’enfant en famille.

Ne pas rester dans l’idée de ne pas être assez

C’est notre réaction qui fait toute la différence.

Ne rien faire, espérer que la question disparaisse (pour les plus jeunes), que l’enfant se débrouille (pour les plus âgés), n’est pas vraiment la bonne réaction. En instruction en famille, il est préférable de ne pas chercher à atténuer la curiosité de l’enfant. Sur du long terme, c’est en général contre-productif.

Cela ne veut pas dire qu’on est obligé de gérer soi-même la réponse.

Avant toute chose, vérifiez la question !

Je vous conseille de reformuler la question pour comprendre ce que l’enfant veut vraiment savoir. Si je reste sur l’exemple de l’engin de chantier, est-ce qu’il a peur que l’engin bascule ? Est-ce une question de force ? Est-ce un doute sur les barres de métal qui sont peut-être en plastique ? Car la réponse peut être plus simple qu’il n’y paraît.
Dans le même temps, assurez-vous que c’est une vraie question. Est-ce une phrase en l’air ou l’enfant attend-il une vraie réponse ? Veut-il des détails techniques ou est-il satisfait avec « c’est un engin spécifiquement conçu pour les objets lourds » (ça semble idiot, mais je me suis fait avoir plus d’une fois).

Ensuite, vient le moment de trouver une réponse.
Dire « je ne sais pas » est un très bon début. Chercher ensemble une solution est aussi un apprentissage. Suivant l’âge, les possibilités sont multiples :
– apprendre à poser une question sur Google et faire le tri des réponses ;
– apprendre à noter un titre de leçon sur YouTube et là encore faire le tri pour regarder une vidéo pertinente ;
– penser aux gens que l’on connaît et les contacter ;
– se tourner vers des professionnels.

Voici un exemple personnel à partir de ma fille qui a eu une longue période de passion pour l’art moderne. J’ai répondu à ses questions en l’inscrivant à plein d’ateliers dans des musées différents.
Pour d’autres domaines, elle a écrit des lettres ou téléphoné à des proches pour en discuter avec eux.

On n’a pas besoin d’avoir la réponse là, tout de suite, maintenant. On peut apprendre à patienter.

Les sujets d'intérêt des enfants sont parfois loin de nos connaissances
Il n’y a pas de bonnes ou mauvaises questions, juste des sujets que l’on maitrise plus ou moins bien.

Mais si c’est toute une matière qui nous bloque ?

Si c’est une matière au niveau élémentaire, optez pour un manuel avec les corrigés. Prenez le temps de lire la leçon en entier avant de la présenter à l’enfant. N’hésitez pas à lui dire « je ne comprends pas tout, j’apprends avec toi ». Certains chapitres de mathématiques ne sont devenus limpides pour moi qu’en les lisant à voix haute à ma fille qui m’a ensuite expliqué tel ou tel point.

Au niveau collège et lycée, l’enfant peut gagner en autonomie.
Il est possible encore une fois de choisir un manuel avec corrigés ou un cours par correspondance. On peut aussi faire appel à un professeur particulier.
L’honnêteté est la meilleure chose : « je ne suis pas à l’aise dans cette matière, je n’ai pas envie d’étudier la chimie, je n’ai pas le temps de tout lire avant toi ». Peu importe !

Plus d’une fois j’ai posté un message sur un groupe Facebook dédié à l’IEF ou en story sur Instagram avec un énoncé d’exercice et une demande d’aide pour avoir les réponses. Ma fille a aussi téléphoné à certaines personnes pour avoir des réponses sur des choses qu’elle travaille seule (comme le latin).

Il ne faut pas rester isolé !

Conclusion : non, vous n’allez pas ruiner l’instruction de votre enfant

Respirez, parlez-en avec les autres parents en IEF, mais c’est tout à fait normal. Il y a toujours un moment où même le parent IEF idéal va se sentir dépassé !

Et pour les proches, s’ils profitent de votre demande de coup de main pour vous faire des remarques désobligeantes, respirez un peu plus. Vous pouvez toujours répondre « j’ai pensé à toi pour offrir le meilleur à mon enfant sur un sujet précis, mais apparemment je me suis trompée ».
OK, ce n’est pas gentil, mais comme je l’ai déjà dit : vous n’êtes pas le porte-parole, l’emblème de l’instruction en famille. On a le droit de ne pas toujours être gentille, au top, ultra compétente et souriante.

Allez, dites moi en commentaire la dernière fois que vous vous êtes sentis dépassées par une question d’enfant. Je commence : pour en savoir plus sur les escargots et les limaces en tant que mollusques…

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