L’impression de ne jamais faire assez

Voici un petit billet d’humeur. Des réflexions assez personnelles, l’envie de mettre un peu de perspective.
Des mots sur la parentalité et pas juste sur l’instruction en famille. Ou peut-être des mots sur l’instruction en famille qui finalement s’appliquent aussi à tous les autres parents.

Je n’en fais pas assez

Phrase qui se décline.
Je n’en fais pas assez. Tu n’en fais pas assez. Il/Elle n’en fait pas assez.

Pour atteindre : nous sommes épuisés, frustrés, déçus.

Je le sais, faire l’instruction en famille, c’est faire un pas de côté sur la conception classique de l’instruction de son pays. C’est être responsable de ce que l’on apprend et de la façon dont l’enfant l’apprend. Mais aussi être responsable de ce qu’il n’apprend pas.

On est souvent un seul parent face
… aux programmes officiels de notre pays ;
… aux bonnes idées des copines ;
… aux demandes de nos enfants ;
… aux impératifs d’autres pays ;
… aux suggestions sur les réseaux sociaux.

La profusion est telle qu’il est impossible de tout faire. Parfois je choisis, volontairement, de faire ceci plutôt que cela. Souvent, le choix m’est imposé par le tic-tac inexorable de l’horloge et le voyant rouge de mon compte en banque lorsqu’il descend.

Suis-je une mauvaise mère ? Ma fille va-t-elle louper son bac car je n’ai toujours pas acheté de microscope ? Microscope qui ne l’intéresse absolument pas.

Le découragement face à l'idée de ne pas faire assez

Je respire

Alors je continue à conjuguer.
Je retrouve mon calme, tu restes calme, elle/il se moque de ton microscope.

En instruction en famille, ainsi que dans la vie en général, on est très vite entouré de personnes qui nous ressemblent. Des parents qui s’intéressent à l’instruction de leurs enfants, qui savent que la méthode Singapour s’utilise pour les maths, qui peuvent dire pourquoi leur enfant écrit en cursif ou en script.

Se sentir nul, pas assez au sein de ce groupe, c’est oublier qu’en terme de parentalité, ce groupe met la barre assez haut. Il ne s’agit pas juste de nourrir ses enfants, les habiller, leur apprendre la politesse et les déposer à l’école à l’heure. C’est vivre ensemble toute la semaine et couvrir les besoins fondamentaux ainsi que des impératifs sociaux et des compétences diverses.

Pour moi, un bon parent est celui qui se questionne et qui est prêt à changer sa façon de faire à partir de ce questionnement. Pas celui dont l’enfant réussit tout, est poli et noue ses lacets à toute vitesse.

Je relativise

Les réseaux sociaux ont accentué une anxiété bien spécifique : le syndrome FOMO, Fear of missing out, la peur de passer à côté de quelque chose (en savoir plus).

J’ai l’impression que cette anxiété tente régulièrement de s’inviter chez les parents qui optent pour l’instruction en famille. Et effectivement, les réseaux sociaux (ainsi que les réseaux IRL, In Real Life) accentuent les envies : on y découvre des méthodes que certains parents trouvent révolutionnaires, on nous présente des sites internet incroyables et dans certaines régions on propose des sorties presque tous les jours.
Quand on a un enfant qui semble incapable d’apprendre à écrire ses mots invariables, on a bien envie de faire confiance à une maman qui dit que tel livre a résolu son problème en un mois.

Je ne peux être partout.
Je ne peux tout avoir, je ne peux tout faire.

Et je me le répète, comme un sort, non, comme un baume sur ma parentalité.

Je suis un parent de ma société, mais je n’ai pas à me laisser écraser par la pression de celle-ci.

Oui, en France, à partir de la 4e, peu importe l’établissement scolaire, tous les jeunes étudient deux langues.
Pendant ce temps, au Canada, les jeunes avec de la dyslexie ou de la dysorthographie en sont dispensés. Tandis qu’aux États-Unis, les jeunes entrent au lycée et peuvent éventuellement commencer l’étude d’une première langue.

Il est vrai que dans mes rêves, ceux avec un enfant parfait et fantasmé qui n’existe nulle part, il était évident que mon enfant serait plus doué pour les langues que moi et qu’elle aurait des bases solides dans au moins 2 ou 3 langues à l’adolescence.
Mais le fait que ce ne soit pas le cas ne veut pas dire que je ne fais pas assez. Je fais avec ce que la vie me donne (et le fait d’avoir une enfant qui veut apprendre une langue que je ne parle pas n’est qu’un élément parmi d’autres).

Je fais de mon mieux avec les cartes que j'ai en main !

Je fais de mon mieux

Je crois que c’est cette phrase qui devrait servir de boussole : faire de son mieux.
Pas faire le plus ou le moins.
Pas cocher une liste imposée par je ne sais quel journaliste qui n’a peut-être même pas d’enfant.
Pas faire autant/mieux que les enfants d’à côté.

Faire de mon mieux selon mes valeurs et à partir de mon quotidien.
Car après tout, qui a dit qu’il y avait une quantité tangible à faire en tant que parent pour atteindre la barre du « c’est assez » ?

Illustrations issues du site Pixabay

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