J’adore la littérature ado que je trouve captivante et vraiment très riche. J’ai eu l’opportunité de travailler en librairie jeunesse et d’animer un club lecture avec des pré-ados et j’adorais les écouter. Du coup, même si ma fille n’est pas encore concernée, j’ai plongé avec énormément de plaisir dans En quête d’un grand peut-être, sous-titré Guide de littérature ado.
J’ai décidé de lui dédier un article entier car j’ai trouvé chaque chapitre fouillé et passionnant et que j’adore la liste de 100 titres qui est incluse.
Public | Adulte, prof de français, bibliothécaire |
Compétence du socle commun | Pas de lien, mais possibilité d’y choisir des supports pour le français |
Type de pédagogie | Non concerné |
Prix | 17,50€ – commander maintenant |
Présentation du livre En quête d’un grand peut-être
Le guide En quête d’un grand peut-être a été écrit par Tom et Nathan Levêque qui ont débuté avec chacun un blog de chroniques littéraires. Aujourd’hui ils sont tous les deux des professionnels du livre et de l’édition jeunesse.
Leur livre est une présentation complète des différentes facettes de la littérature pour adolescents. C’est un livre de référence, il inclut des analyses, des portraits, des échanges, des nouvelles inédites et une liste des 100 meilleurs livres pour ado.
Ce n’est pas un essai à réserver aux profs de collèges-lycées ou aux professionnels du livre. Il peut concerner les parents et les amoureux de cette littérature qui a beau cibler un lectorat précis, touche aussi des adultes divers.
Des chapitres précis et une écriture engagée
En quête d’un grand peut-être est organisé en cinq parties (que je cite) :
– Historique
– Littérature ado : quelle frontière (questionnant entre autres le plaisir de lire cette littérature quand on est adulte)
– Les incontournables (une liste de 100 titres avec une méthodologie hyper soigneuse et détaillée)
– Littérature ado et société (mon chapitre préféré, j’en reparle après)
– Les chemins de la littérature ado (avec la question de la prescription).
Par ailleurs, le choix est fait d’une écriture non-genrée mais limitant le point médian. Ainsi quand le mot change peu, il y a ce petit point qui fait débat : enseignant·e. Par contre, si le changement est important, le choix est fait d’écrire les deux : auteurs et autrices.
Cependant, être engagé, ce n’est pas juste faire limiter l’impact d’une société patriarcale par l’écriture. Pour parler de diversité, les auteurs ont échangés avec quatre personnes directement concernées par la question (deux jeunes femmes noires dont une engagée dans le féminisme, une personne LGBTI+ et une femme originaire d’Asie du Sud-Est – de mémoire).
Littérature ado, celui qui achète, celui qui lit
Quand j’ai travaillé en librairie jeunesse, c’est ce qui m’a toujours semblé être le plus délicat : la personne à qui je conseillais des livres, celle qui allait choisir et payer, n’était que très rarement celle qui allait lire. Petit florilège de phrases entendues :
« Oh non, la mort des parents est un sujet trop dramatique » pour un roman dont le décès sert de prétexte à un déracinement, une émancipation.
« Je voudrai un livre intelligent, même si c’est pour un enfant. »
« Il n’y a vraiment pas beaucoup de pages, vous êtes sûr que c’est de son âge. »
Cette opposition entre les idées de l’adulte et les attentes des jeunes lecteurs sont évoquées au-delà des thèmes que j’avais moi-même en tête. Il est ainsi de la protection de la jeunesse, de ce soin que l’on a de ne pas leur donner n’importe quoi à lire. Mais surtout sont évoquées les représentations de la mort, de la révolte, de la famille (et son format encore standard), de la migration et même de la sexualité.
Les auteurs savent bien que ce dernier thème est tabou et à les lire, je suis honteuse de reconnaître que j’étais moi-même engluée dans ce tabou, sans même en avoir conscience.
On hurle au drame des jeunes qui découvrent leur premier film pornographique trop jeune mais jamais rien n’est fait pour leur présenter une sexualité saine, consentante et adaptée à leur âge. Dans cette section, on parle de première fois, d’invisibilisation (on sait que le couple hétéro est passé à l’acte, mais on passe tout sous silence), d’autocensure et de projets récents et créatifs.
Je trouve ça tellement pertinent, que j’envisage d’acheter 16 nuances de première fois, qui regroupe 16 histoires d’auteurs et autrices différentes. Je préfère que ma fille tombe sur ça le jour où elle aura la curiosité d’en savoir plus que sur les équivalents accessibles en bibliothèque (ou en numérique, il ne faut pas se leurrer), à destination des adultes et avec des relations adultes parfois extrêmement malsaines.
Mon avis sur les livres présentés dans ce guide de littérature ado
Il y a donc 100 livres présentés comme étant les meilleurs et sélectionnés avec soin par de nombreux professionnels et passionnés. Il y a également des livres cités au fil des analyses et la sélection des livres préférés des auteurs du guide.
Je souhaite juste m’exprimer sur la liste de 100 titres.
Déjà, j’approuve la méthodologie qui m’a rappelé pas mal le casse-tête de mon propre master. Car il est indispensable de fixer des limites, qui peuvent être frustrante. Mais le résultat n’en est que plus pertinent sur le thème de départ.
J’ai lu 35 des livres de la sélection. Parmi eux, il y en a 16 que j’adore et que je conseille encore souvent. Ce sont les livres pour lesquels je ne peux me retenir de dire « oh, j’adore, tu devrais le lire ». Pour les autres, à quelques rares exceptions près, ce sont des livres que j’ai majoritairement appréciés.
La liste comprend également une bonne vingtaine de livres que je connais et qui me tente (souvent car on me les a conseillés). Du coup, toute la sélection m’inspire confiance et me donne envie de lire. Les thèmes sont extrêmement variés, il y en a pour tous les goûts. On peut largement piocher dedans pour offrir à un ado ou pour se construire une belle bibliothèque.
Les plus | Les moins |
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Conclusion
Ce sont des documentalistes en collège qui m’ont donné envie de lire ce guide (dont Petites madeleines qui n’en a parlé que sur les réseaux sociaux). Pourtant, même sans avoir envie de lire ce type de littérature, je pense que c’est une lecture qui vaut le coup quand on a des enfants. Cela replace la lecture à sa place (loin des obligations scolaires) et rappelle que lire, c’est aussi grandir, s’évader, ressentir.
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