Des livres jeunesse pour s’accepter

Voici une petite sélection de livres et albums pour s’aimer soi-même, peu importe comment on est. Des livres pour s’accepter et donc des livres variés.

J’ai inclus deux livres disponibles uniquement en anglais pour étendre autant que possible les questionnements sur l’identité. L’ensemble est plus ou moins classé selon l’âge conseillé (plusieurs livres peuvent convenir aux mêmes enfants).

des livres pour s'accepter comme on est

Petits pois carotte

Jean-François est un petit pois et tous ses amis sont des petits pois. Tous, sauf Charlotte…

C’est ma fille de 9 ans qui a repéré ce gros cartonné à la bibliothèque en me déclarant « regarde, il est génial ! ». Elle avait tout à fait raison.
C’est un livre pour les petits (ceux qui savent tenir un livre sans s’assommer avec). On est dans un style graphique épuré, avec du vocabulaire simple et précis. La première partie montre en quoi Charlotte est différente (avec des phrases négatives). Puis on découvre tout ce que Charlotte peut faire que les petits pois ne peuvent pas faire (avec des phrases positives).

On peut y voir le fait d’accepter des amis différents ou de s’accepter soi-même comme différent au milieu des autres. On peut se sentir petit pois ou carotte à la lecture de ce livre.
Commander Petits pois carotte – Morag Hood

extrait album Petit pois et carotte

Les gens normaux

C’est dans la cour de récréation que tout commence. Un garçon dit à Zita qu’elle n’est pas normale. Cela ne semble pas être un compliment, mais elle n’est pas bien sûr de ce que cela signifie alors elle se renseigne. D’après ses parents, une personne normale ressemble aux autres. Alors Zita va s’assurer que dans la classe tout le monde est bien normal.

Cet album est court et drôle. Tout, dans son format et son trait, invite à le lire avec des enfants de 3 à 6 ans, mais je ne doute pas que la lecture, même avec les plus grands, pourra faire rire et réfléchir.
Car la normalité n’est finalement peut-être pas là où on l’attend le plus !
Commander Les gens normaux – Michaël Escoffier

Extrait Les gens normaux

Julian est une sirène

Julian passe beaucoup de temps avec sa grand-mère. Et Julian adore les sirènes. Alors un jour, il profite d’être plus ou moins tout seul pour se transformer en sirène. Quand sa grand-mère arrive, il craint son avis mais finalement elle l’emmène se promener parmi d’autres sirènes.

Il y a plusieurs lectures possibles sur ce livre. Certains y voient une défense de la transidentité. J’y vois surtout la bienveillance d’une grand-mère face à celui que son petit-fils est véritablement. Dans ma vision des choses, c’est ça être parent : être présent et laisser l’enfant exprimer sa curiosité, ses goûts et ses envies.
Le plus important ici est que même si on est différent de ceux qui nous entourent, il y a probablement une personne dans notre entourage pour nous soutenir et, ailleurs, il existe d’autres personnes comme nous.
L’histoire est surtout racontée grâce aux illustrations, les textes sont courts et l’ensemble est très beau et soigné.

Il existe un autre tome, dans lequel Julian est invité à un mariage (celui de deux femmes), mais je l’ai trouvé moins intéressant bien que toujours aussi beau.
Commander Julian est une sirène – Jessica Love

extrait Julian est une sirène

Amy Wu and the Patchwork Dragon

Aujourd’hui la maîtresse d’Amy (très probablement en maternelle) a choisi de faire des activités sur les dragons. Après avoir lu une histoire, les enfants doivent créer un dragon spécial, un dragon bien à eux. Alors Amy dessine avec beaucoup d’enthousiasme mais en présentant sa création, ses amis trouvent que ça ne ressemble pas à un dragon.
Ce n’est qu’une fois de retour à la maison qu’Amy et ses deux amis pourront écouter une autre histoire, avec des dragons bien différents mais qui sont bel et bien des dragons. De là, Amy saura créer le dragon qui la représentera le mieux.

D’un côté il y a les dragons occidentaux, ceux connus aux États-Unis où se déroule probablement le récit. De l’autre, se trouvent les dragons orientaux du pays de naissance de sa grand-mère. Amy ne sait comment se positionner par rapport à ces deux visions d’un même animal.
Mais finalement, puisque la consigne est de créer un dragon qui lui ressemble, elle présente à la classe un dragon ayant des éléments de l’un et de l’autre (et des tonnes de paillettes).
Il est donc ici question de s’accepter quand on vit avec deux cultures.
Commander Amy Wu and the Patchwork Dragon – Kat Zhang & Charlene Chua

Extrait Amy Wu and the patchworked dragon

Le garçon invisible

Arthur a tout le temps l’impression d’être invisible. Personne ne le prend dans son équipe pendant la récréation, personne ne l’invite à son anniversaire, même la maîtresse semble ne pas le voir.
Jusqu’au jour où un nouvel élève, Justin, arrive en classe et qu’Arthur ose lui laisser un dessin dans son casier.

Le récit se déroule probablement en maternelle. S’il est question ici de timidité et si Arthur est bien le personnage principal, ce n’est pas sur lui que repose le besoin de changer. Je n’aime pas trop les livres qui conseillent aux timides de prendre sur eux et de voir qu’en fait ce n’est pas si terrible de parler.
Ici, Arthur ne sait pas comment interagir avec les autres. La seule chose qu’il aime, c’est dessiner. L’arrivée de Justin, lui-même différent, le questionne sur ce qui est le pire « être invisible ou être au cœur des moqueries ». C’est donc par soutien qu’il dépose un dessin dans le casier de Justin. Mais c’est bien ce dernier qui fait le choix de ne pas l’ignorer et qui prend du temps pour lui et ses autres amis.
Au niveau du graphisme, j’aime le fait qu’Arthur débute en noir et blanc, en traits légers, pour gagner en couleur et consistance au fil de ses échanges avec Justin.

Ce livre est une édition québécoise (facile à commander en France), mais cela signifie qu’il y a quelques expressions qui peuvent surprendre.
Commander Le garçon invisible – Trudy Ludwig & Patrice Barton

extrait le garçon invisible

Odette fait des claquettes

Odette a 7 ans. Pour ses copains, elle est beaucoup trop grosse. Elle aimerait être comme les autres filles de la classe, mince et belle.
Odette a deux passions : les claquettes et la lecture. Et justement son auteur préféré va venir dans son école. Mais quelle surprise pour Odette, de voir entrer non pas un auteur mais une autrice qui plus est, une femme grosse, vraiment grosse.

En découvrant qu’une personne qu’elle admire profondément est grosse, Odette laisse tomber ses idées de régime et surtout entreprend de faire des rêves de futurs incluant autre chose que son physique.
Non seulement le livre est très beau (en noir, blanc et jaune), mais en plus il touche assez juste et rappelle l’importance de la représentativité pour permettre à tous les enfants de rêver.
Commander Odette fait des claquettes – Clothilde Delacroix

extrait livres s'accepter gros.se

The Proudest Blue

Aujourd’hui, c’est la rentrée. Faizah est impatiente. Car pour sa grande sœur Asiya, c’est aussi le premier jour qu’elle porte le voile. Pour l’occasion, elle a choisi un hijab bleu et Faizah trouve que c’est la plus belle couleur et que sa sœur est comme une princesse.

Dans ce bel album, nous traversons le jour de la rentrée à travers le regard de la petite Faizah. Elle est fière de sa sœur, elle est surprise d’entendre des moqueries, elle l’admire et la dessine en princesse, elle a aussi un peu peur pour elle.
A travers les yeux de l’amour, on observe Asiya qui retrouve ses amis, qui sait ignorer les moqueries et qui finalement n’a pas changé. Certains conseils de leur mère semblent les porter dans cette journée comme celui-ci (que je vous traduis) :
« N’emporte pas avec toi les mots douloureux que les autres disent. Laisse-les tomber. Ce n’est pas à toi de les garder. Ils appartiennent à ceux qui les ont dits. »

Alors bien sûr, en France le port du voile est interdit à l’école. Ici, il n’est absolument pas question de foi, on ne sait pas ce qui motive Asiya et on s’en moque. L’important est de la voir face à son choix, son quotidien et sa liberté de jeune femme qui grandit.
Commander The Proudest Blue – Ibtihaj Muhammad & S. K. Ali & Hatem Aly

Les fleurs de grand frère

Un matin, grand frère se réveille avec des fleurs sur la tête, un peu comme des bois de jeune cerf. Il se demande pourquoi elles sont là et s’il ne devrait pas les couper. Toutefois sa famille l’encourage à les garder pour les comprendre.

Ce texte est très poétique et suivant la sensibilité des enfants le message pourrait être perdu… ou accepté sans vraiment s’en rendre compte.
Le point de vue est celui du petit frère qui observe son grand frère changer, se chercher et s’accepter. Il s’inquiète pour lui face au regard des autres. Il l’admire également, surtout quand il commence à comprendre les fleurs qui l’accompagnent partout.

Les fleurs ne resteront que quelques mois avec le jeune garçon. Une métaphore du passage de l’enfance à l’adolescence ? Une construction de la confiance en soi, quand on ne voit plus ce que l’on a de différent mais que l’on sait que c’est là ?
Je crois que chacun peut y mettre ce qu’il veut ou plutôt ce qu’il a besoin d’entendre.

Ce livre est une bande dessinée, avec des textes courts et des illustrations que je trouve magnifiques.
Le personnage est un garçon blanc qui pourrait être un collégien (il ne va pas dans la même école que son petit frère).
Commander Les fleurs de grand frère – Gaëlle Geniller

Se sentir légitime

Je pense qu’il y a des âges où l’on s’interroge plus qu’à d’autres sur la personne que nous sommes, sur notre place dans la société, sur le fait d’être trop ou pas assez.
Je pense aussi qu’il est plus facile de trouver des réponses quand on a la possibilité de voir d’autres personnes qui nous ressemblent. C’est pourquoi il est si important d’avoir dans nos bibliothèques personnelles de la diversité. Avoir des livres pour s’accepter, c’est finalement avoir des livres variés.

Je pense au roman Alana et l’enfant vampire, un vrai récit à lire dès 9-10 ans, avec une véritable chasse aux vampires. L’héroïne souffre de douleurs chroniques et sa meilleure amie se demande si elle est plus fille ou garçon ou aucun des deux. Ces deux éléments ne sont absolument pas au centre du roman. C’est un truc en passant, comme l’évocation du fait d’avoir ses règles et d’être obligé d’aller aux toilettes à la pause (et d’avoir moins de temps pour papoter).

Une autre façon d’aider les enfants à accepter leur propre identité et respecter celle des autres est donc de ne pas se limiter à des récits dans lesquels les héros se ressemblent tous. Pour cela, nous avons déjà publié une sélection de livres avec des personnages non-blancs.

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