Cette dernière chronique lecture pourrait servir de bilan, mais j’ai surtout envie de revenir sur Noël et les livres en tant que cadeaux. Le rapport aux livres est compliqué dans notre culture. On veut que les enfants lisent. D’ailleurs chaque enfant qui tient un livre plutôt qu’une console est félicité et on demande des conseils aux parents face à un tel miracle. D’un autre côté, pendant l’adolescence, j’ai déjà entendu des parents se plaindre des enfants qui lisent trop et ne sont pas assez actifs en famille. Sans compter que les adultes qui choisissent la lecture comme loisir principal sont critiqués car ils ne sont pas assez sociaux, ils sont trop perdus dans des mondes imaginaires. Lire pendant l’enfance c’est bien, mais ensuite, il faudrait arrêter…
La même contradiction apparaît à Noël et même aux anniversaires. Les cadeaux doivent être des choses amusantes. Un enfant qui demande des livres subit soit une pression / censure de ses parents, soit ne sait plus s’amuser. On peut offrir éventuellement une BD ou un manga, mais un roman ne semble pas être un cadeau convenable pour les enfants.
Tant de contradictions, c’est fatiguant. Alors je suis contente que Noël soit passé et que je puisse offrir des livres sans réfléchir à leur valeur sociale !
Alex, 8 ans ½, présente : Le fil de l’Histoire raconté par Ariane & Nino – Louis XIV
C’est une bande dessinée de petit format qui raconte l’histoire de Louis XIV de sa naissance à sa mort.
Ariane et Nino sont des enfants qui traversent les époques. Dans ce livre, on parle du pouvoir absolu de Louis XIV, de ses amours, des guerres qu’il a faites, des artistes qu’il a fait venir à la cour comme par exemple Molière.
J’aime bien ce livre parce qu’il y a certains passages rigolos comme par exemple quand Ariane explique à Nino que l’on n’a pas besoin de la couronne pour avoir le pouvoir absolu et qu’il dit qu’il va quand même utiliser son pouvoir pour réclamer une deuxième part de galette des rois.
À la fin, il y a une partie documentaire avec quelques personnages historiques, une journée de Louis XIV à Versailles, La guerre de succession d’Espagne et un fil chronologique.
Il y a plein de livres dans cette collection sur des sujets d’époques différentes : les Gaulois, la pyramide de Kheops, la deuxième Guerre Mondiale, etc. J’ai déjà présenté et donné mon avis sur Ariane & Nino et la guerre des tranchées.
Le fil de l’Histoire raconté par Ariane & Nino, Louis XIV – Fabrice Erre & Sylvain Savola
Arc-en-ciel, 10 ans 1/2, présente : Pénélope la femme aux mille ruses
Ce livre relate la vie de Pénélope, la femme d’Ulysse, le roi d’Ithaque. Ça se passe dans l’antiquité, aux alentours de la guerre de Troie. On nous raconte souvent la version où Ulysse part à la guerre mais pas la version de Pénélope. Nous découvrons certaines choses, comme par exemple qu’elle ne voulait pas se marier du tout à la base. Le titre signifie en fait qu’elle a utilisé de nombreuses ruses pour échapper à ses nombreux prétendants pendant l’absence de son mari, Ulysse.
J’ai bien aimé ce livre car ça change des autres livres sur la mythologie que j’ai déjà lu.
Je trouve que le rapport texte/images est bien fait. Les images sont en noir et blanc mais ça ne me gêne pas.
C’est l’un des livres que je dois lire pour le concours du 4e prix littérature jeunesse Antiquité.
Pénélope la femme aux mille ruses – Isabelle Pandazopoulos
Nine, 11 ans, présente : Bakari champollion, chasseur de trésor
à la mort de son idole, Bakari Champollion est désespéré. Mais quand il apprend qu’une chasse aux trésors est organisée dans la maison de l’idole en question, il réussit à y participer avec sa meilleure amie Zoé et son grand frère, ainsi que Mortimer un raton-laveur de compagnie et un fan de moto.
C’est un roman drôle avec des enquêtes et quelques rebondissements bien placés. Je trouve que Mortimer est très mignon et intelligent. Le récit montre qu’il ne faut pas s’arrêter aux apparences des gens.
Il y a quelques illustrations, surtout avec des personnages. Elles collent parfaitement avec le texte.
Bakari Champollion chasseur de trésor – Marine Orenga & Coralie Muce
Yza, maman, présente : Le journal de Nisha
Ce livre est une fiction très proche de ce qui a dû se produire pour des familles lors de leur exil lors de la partition de l’Inde en 1947.
Il s’agit d’un journal intime écrit par Nisha, une ado de 12 ans. Elle a perdu sa mère lors de leur naissance, à elle et son frère jumeau. Elle vit dans une maison assez confortable avec son frère, son père et sa grand-mère paternelle. Son père est hindou et sa mère était musulmane, comme leur cuisinier et meilleur ami de la famille, Kazi. Presque chaque jour, à partir de ses douze ans, Nisha écrit à sa mère par l’intermédiaire de son journal intime. Elle lui relate ses questionnements, ses pensées, ses émotions alors que les choses changent dans son pays depuis que la partition a été décidée par les dirigeants.
Au fur et à mesure de la lecture, on est immergé dans le quotidien de cette famille qui doit tout quitter du jour au lendemain pour rejoindre Jodhpur, une ville située dans le Rajasthan, en Inde. On peut ressentir l’inquiétude et la peur perpétuelle qu’ils ressentent sur la route de leur exil, à pied puis dans le train. Comme Nisha, on a du mal à comprendre comment des populations de religions différentes et vivant paisiblement avant la partition, ont pu s’entretuer dès la décision de la partition du pays.
Ce livre est vraiment très bien écrit. Par contre, je vais attendre avant de laisser ma fille de 10 ans le lire car certains passages sont vraiment très durs, en particulier vers la fin. La fille de Tiphanya qui a quasiment le même âge l’a déjà lu. Elle est d’accord qu’il y a des passages durs mais surtout très tristes et le récit écrit par Nisha fait que ça va.
En fin d’ouvrage, on retrouve une note de l’autrice expliquant le contexte de la partition, ainsi qu’un glossaire qui reprend les termes spécifiques à l’Inde rencontrés dans le livre.
La bibliothécaire m’a chaudement recommandé ce livre et je le recommande à mon tour car il est vraiment prenant et permet d’aborder le sujet de la partition de l’Inde autrement.
Le journal de Nisha – Vera Hiranandani
Tiphanya, maman, présente : Frère à louer
Il s’agit d’un manga en quatre tomes qui évoque des sujets difficiles. Il s’adresse donc à des adolescents et adultes.
Suite au décès de ses parents, la petite Kanami se sent vraiment très seule. Son frère ne sort plus de la maison et il la rejette en permanence. Alors pour rompre la solitude, elle décide de louer un frère, Makoto. Le jeune homme (adulte mais pas trop) est très prévenant et gentil et il souhaite sortir la fillette de la violence qui l’entoure. Pour autant, il sait qu’un vrai frère est quelque chose de précieux.
Il est question de deuil, de violence familiale et de harcèlement scolaire, pour autant c’est un manga très positif, qui fait beaucoup de bien. La notion de famille dépasse les liens du sang, tandis que l’amitié n’est pas limitée en âge.
Frère à louer – Ichino Hako
