Je crois que c’est un travers que tous les profs de langues ont : prendre un jeu de société classique et le détourner pour en faire un support pédagogique. Cette année, mon support préféré en anglais est Dixit. Ce jeu assez connu existe dans un format de base (mais avec plusieurs versions) et des extensions. Il est principalement constitué de cartes aux illustrations magnifiques et riches. Voici comment je l’utilise avec différents élèves en langue étrangère.
Dixit – un jeu pour enrichir son vocabulaire
Le concept de base est assez simple et, juste en français et en famille, il permet d’enrichir son vocabulaire. L’objectif est de faire découvrir une carte parmi d’autres à partir d’un seul mot, d’une expression ou éventuellement le nom d’une œuvre.
La précision est alors de rigueur.
Cette façon de jouer convient en priorité pour les personnes avec un bon niveau (B2 acquis ou pas loin) qui cherchent à vraiment utiliser et manipuler un vocabulaire précis. Autant dire que cela ne concerne qu’un type précis d’élèves. Mais c’est très sympa dans les familles multilingues.
Notez qu’il y a plein de boîtes Dixit différentes. Le point commun est la qualité des illustrations, toutes très soignées. Il y a même une boîte Dixit Disney ! Vous pouvez toutes les regarder là.
Les boîtes vendues au format carré sont celles qu’il faut acheter en priorité pour avoir des cartes mais aussi les jetons et le plateau nécessaires au jeu dans son format classique. Pour les activités en anglais ou autres langues étrangères que je propose ci-dessous, une extension peut suffire (les boîtes rectangulaires).
Possibilité 1 # se créer une carte visuelle de vocabulaire
Ici deux possibilités suivant l’élève : photocopier la carte ou inviter à dessiner à partir de la carte.
L’objectif est de constituer une affiche composée de mots, d’expressions et de dessins. Sur cette création, j’interdis la langue maternelle, seule la langue que l’on apprend est autorisée.
Dans chaque boîte de jeu Dixit, il y a 84 cartes. Selon les boîtes, il y a des thèmes différents. Pour des enfants ou pour un niveau en langue assez faible, je vous conseille en priorité la boîte de base. Il y a un côté imaginaire assez important mais avec de nombreux éléments de la vie quotidienne : des livres, des chaises ou des fauteuils, une forêt, des nuages, etc.
Possibilité 2 # avoir un point de départ pour parler
Comme je le disais, les cartes ouvrent toutes sur de nombreuses possibilités. Pour des niveaux débutants (quoique moins débutants que ceux avec qui je joue au Qui est-ce en anglais), j’adore demander d’inventer une histoire.
Je présente la carte, je laisse quelques minutes de réflexion. Au besoin, je fournis quelques mots de vocabulaire (la dernière fois on m’a demandé la prononciation de vélociraptor en anglais…). Puis l’apprenant raconte une histoire plus ou moins longue selon son élan.
Ici, ce que j’aime particulièrement, c’est que cela permet à chacun d’exploiter son propre vocabulaire. Pour l’histoire avec le vélociraptor, l’image présentait également un téléphone et une météorite dans le ciel. L’adolescent était bien plus à l’aise avec des termes technologiques et c’est donc la direction qu’a pris son histoire. Et c’est totalement OK, l’objectif ici est de parler.
Mon conseil avant de commencer est de ne pas donner trop de choix. Comme je le disais, il y a 84 cartes, on se perd vite dans leur admiration. Donc je choisis moi-même une carte ou éventuellement deux, l’élève ne devant en sélectionner qu’une.
Pour ça, j’ai les cartes Dixit Révélations. Je les ai choisies car je les trouve très en lien avec les mythes de divers pays (je vous montre quelques carte ci-dessous). Pour la création de récits, c’est parfait, beaucoup moins pour le vocabulaire dont je parlais ci-dessus (alors qu’en sens inverse, le jeu de base convient dans toutes les circonstances).
Possibilité 3 # écrire un texte
Tout comme dans l’activité précédente, la carte peut servir de point de départ à un récit mais cette fois-ci écrit.
Je trouve aussi intéressant de les utiliser pour rédiger des descriptions. On peut alors insister sur les adjectifs, les couleurs, une période de l’année, etc. Cela signifie que j’impose le plus souvent la carte ou que je donne une consigne précise d’écriture.
→ Décris ce personnage avec un maximum de détails sur son physique.
→ Tu as rêvé d’une balade dans ce lieu, décris-le en utilisant l’imparfait.
→ Raconte tes émotions face à une telle créature vue sur le chemin de la bibliothèque.
Possibilité 4 # entre petit bac et grammaire
Que ce soit pour faire de l’anglais ou du français, cela fonctionne assez bien. Il faut prévoir plusieurs cartes ainsi qu’une feuille et un stylo par joueur. On place une carte au milieu des joueurs et chacun doit trouver un verbe, un nom et un adjectif.
On peut préférer demander d’écrire 5 phrases simples (avec un temps précis, imparfait, passé simple…).
Le premier à avoir tout trouvé arrête la partie (ou le tour en cours) et on compte les points. Pour le comptage libre à chacun de choisir son propre système. Voici une proposition : 1 point par mot trouvé, 1 point bonus si l’orthographe est parfaite, 1 autre point bonus si on est le seul à utiliser ce mot.
Conclusion : Dixit en famille ou en cours de langue
Ce que j’ai oublié de dire en introduction c’est que je n’aime pas acheter des jeux de société que je n’utiliserai qu’en cours (privé ou classe). Dans la réalité, cela se produit ponctuellement mais je pense qu’un bon support en langue doit me plaire et donner envie d’être utilisé pour lui-même.
Les cartes de Dixit provoquent des rires, des idées folles, des questionnements, des rêves, que l’on joue en famille avec tout le paquet ou que je n’en présente qu’une seule. C’est ce qui me plaît (et me donne terriblement envie d’acheter d’autres boîtes de jeu).
Je n’ai encore jamais joué à ce jeu mais ça me plairait d’essayer. C’est une bonne idée de le détourner et de l’utiliser en support pour un cours d’anglais. 🙂
C’est un jeu assez simple pour jouer avec des amis ou en famille. Il est possible de faire des parties très courtes (en n’utilisant pas la piste de points). Mais j’avoue que la seule raison pour laquelle ce jeu m’a attiré au départ, c’est la beauté des cartes.