Ces phrases qu’on entend tout le temps en IEF

Que ce soit par des inconnus ou des proches, il y a des phrases qu’on entend tout le temps en IEF (en instruction en famille). Des remarques qui jugent le bien fondé de notre démarche, celles qui se veulent bienveillantes, celles qui montrent une vraie méconnaissance de l’enfance et de l’instruction. On les a réunies ci-dessous avec ce que l’on peut répondre mais aussi ce qu’elles nous inspirent. N’hésitez pas à laisser un commentaire avec la phrase que vous entendez le plus ou avec votre façon de réagir.

Phrases qu'on entend quand on choisit l'instruction en famille

Mais c’est légal ?

Ou sa variante vous n’avez pas le droit de faire ça !
C’est étrange le nombre de personnes qui supposent être face à des fraudeurs. Car cette phrase, qui est souvent la première prononcée, nous place dans l’illégalité, sans bénéficier de la présomption d’innocence.
La réponse est alors assez simple, l’instruction est obligatoire, pas la scolarisation. Le plus dur est de la dire de façon polie et cordiale quand cela fait des années qu’on la répète.

Et si elle/il veut aller à l’école ?

Ici, tout dépend de l’âge de l’enfant.
Avant 10 ans, on peut simplement dire « et si ton enfant veut faire l’instruction à la maison, tu fais quoi ? ». C’est une question de parentalité, chaque parent est libre de son choix (libre dans la mesure de la législation de son pays de résidence malheureusement, plus d’infos ici). Tout comme on peut choisir une enfance sans télévision, sans viande…
Pour les plus grands, la réponse est plus personnelle. Certains parents considèrent que c’est leur rôle de décider, d’autres laissent la possibilité à l’enfant de choisir chaque année. Moi, ça me permet aujourd’hui de répondre : « Si elle veut y aller, elle ira ! ».

Humour instruction en famille

Il ne saura jamais se défendre

Et toutes les variantes assez méprisantes il faudra bien couper le cordon un jour et ils vont être tout le temps dans les jupes de leur mère.
C’est une phrase qui me met en colère et qui me rend triste. Les deux émotions en même temps.
Elle sous-entend que l’on a besoin d’apprendre à se défendre et que donc le monde n’est que violence. Elle signifie que l’école est une jungle où l’enfant va devoir se faire une place. Je trouve ça terriblement violent. Cela nie aussi qu’énormément d’enfants sont instruits à la maison car ils ont été victimes de violence à l’école.

Mais que répondre ? Car en réalité, je n’ai pas l’intention de laisser mon enfant naïf face au monde (tout en respectant son âge et sa maturité). Suivant votre humeur et votre humour, voici un florilège de réponses possibles :
Pas de soucis, il/elle est inscrite à des cours de boxe/karaté/judo…
Je préfère lui enseigner l’empathie et le respect avant de le confronter à la violence des cours de récréation.
Et ma préférée : heureusement que je ne porte jamais de jupe alors !

Est-ce que vos enfants arrivent à se faire des copains ?

Et sa variante Tu n’as pas de copains (bizarrement ça sonne toujours plus comme une affirmation que comme une question).
À force de considérer que tous les enfants sont enfermés à l’école, on oublie qu’il existe d’autres lieux de vie. Cela va même plus loin car on oublie que l’on peut avoir des amis d’âges différents ou encore qu’en quittant l’école on peut rester en contact avec d’anciens copains.

Toutefois, suivant le lieu de vie, c’est effectivement un sujet délicat et j’avais enregistré un podcast : l’IEF, la socialisation et l’amitié.

Et alors, il/elle a des bonnes notes ?

Quand ça vient de votre boulangère, la réponse la plus simple est probablement « oui, toujours ». Quand on est face à une personne véritablement curieuse, cette remarque questionne le rôle de l’école. L’implicite est que l’école sert à avoir des notes et non à apprendre, que le dossier scolaire est plus important que les compétences. Ce qui débouche en général sur la question sur l’IEF suivante.

Ils ne pourront jamais avoir de diplômes !!!

On peut passer tous les diplômes nationaux en candidat libre !
C’est surprenant que tant de monde oublie ce détail alors qu’il y a tous les ans dans la presse l’article sur le plus vieux ou le plus jeune bachelier de l’année, une personne qui n’est quasiment jamais scolarisée en lycée.

Tu as des diplômes pour faire ça ?

Et sa variante bien plus désagréable : ah mais vous êtes sûre d’avoir le niveau ?
Avant d’ouvrir la bouche, il faut évaluer rapidement ce que son interlocuteur cherche à savoir. Pense-t-il que nous sommes trop stupides pour ça ou se renseigne-t-il sur la législation ?
Comme ce sont des questions qui se répètent, vous avez le droit d’être fatiguée de les entendre et d’y répondre. Face à des inconnus, vous n’avez pas à justifier de votre vie !
« J’ai effectivement toutes les compétences nécessaires » est la forme courtoise (la forme toujours la plus délicate à retenir, vous ne trouvez pas ?).

Mais alors, elles dorment toute la journée ?

Et sa variante Ils sont enfermés toute la journée.
En pleine forme, je réponds « oui, tout à fait, c’est pour ça qu’elle est là avec moi à la bibliothèque » (ou tout autre lieu car évidemment on nous pose toujours la question quand nous sommes dehors).
On peut aussi dire « Non, elle regarde la télévision et joue aux jeux vidéos ».

l'amitié en instruction en famille

Il est en quelle classe ?

En quittant la scolarisation classique, l’enfant semble sortir du système et l’une des questions l’y renvoie directement. Il semble si important de le positionner par rapport à un âge, des compétences, un rythme de vie.
Au départ, la question semble anodine, mais la réponse conditionne beaucoup de choses et c’est donc à cause de cette question que j’ai expliqué à ma fille que dire la simple vérité n’était pas toujours la meilleure chose.
Au départ, je disais « elle a 5 ans » puis je suis passée à la tournure « suivant son âge elle devrait être en CE2 ». Aujourd’hui, j’utilise parfois la phrase « elle est de niveau 5e ». Pourquoi tourner autour du pot ? Car on considère que certaines choses ne doivent pas être faites avant un niveau précis.
On ne parle pas de la 2e Guerre Mondiale avant le CM2, on ne lit pas de livres épais avant le CE2 et on sait obligatoirement ses tables de multiplications par cœur à partir du CM1.
Donner « une classe », c’est comme tomber dans un piège !

Il faudra bien les mettre au CP ? Au collège ?

Il faudra, il faudra, rien du tout (dans la limite de la législation de votre pays, encore une fois).
Quelle horrible injonction ce « il faut » qui retentit partout.
En langage diplomatique, la réponse est « l’instruction en famille est autorisée jusqu’à 16 ans, on verra donc au fur et à mesure ».

Et encore une fois, ce que l’on fait pour nos enfants ne regarde personne. Ce sont toutes des questions quand on fait l’IEF qui dépassent les limites d’une discussion anodine à la boucherie. Nos interlocuteurs nous voient comme des témoins, des porteurs de parole, des professeurs diffusant notre savoir sur les règles de l’instruction en famille. Nous ne sommes rien de tout ça. Nous n’avons pas à servir de vitrine ou de porte-parole. Bien sûr, on peut le faire si on le souhaite, certaines discussions sont passionnantes, d’autres permettent à des adultes de trouver enfin un pansement pour des souvenirs d’enfance. Certaines personnes nous encouragent tout en concluant au moment de partir « il faudra les remettre à l’école pour passer le bac quand même »…

6 réponses sur “Ces phrases qu’on entend tout le temps en IEF”

  1. Au bout de 12 ans d expériences,de phrases les plus stéréotypées les unes que les autres, on en est tellement blasées qu on sourit ou on en rigole😊
    Cela vient de l ignorance, du besoin de se conformer à ce que leur dicte cette normalité sociétale ….
    Nous n en faisons plus de cas, dans nos jours de bonne humeur nous en rigolons et échangeons sur notre expérience ief, et dans mes jours d humeur non patiente , un lever de mon sourcil gauche avec un regard non sympathique suffit à faire taire la personne…..ma fille dit que je fais vraiment peur quand je fais ça 😆…sauf que mon sourcil se lève tout seul 😅

  2. Merci 🙏 ça fait du bien de ne pas se sentir seule.
    Je me retrouve tellement dans toutes ses réponses. «s’ils veulent retourner à l’école? » notre réponse depuis le début est, chaque année c’est eux qui font leur choix. On leur donne le choix, ils choisissent l’instruction en famille. On ne leur a jamais imposé.
    Quand on me dit « ils sont enfermés » ou un truc du genre, je réponds moins qu’un enfant à l’école enfermé 8h par jour entre 4 murs et le grillage de la cours.
    Grave, le sourcil magique il fait envie ! 😉

    1. Cette idée d’enfermement est vraiment intéressante dans un pays comme la France où les écoles sont grillagées ou emmurées (contrairement à la Scandinavie par exemple). Il est impossible d’en sortir. Mais il y a effectivement le trajet de la maison à l’école qui fait « sortir ».

  3. J’adore!
    Ce qui fait peur c’est que la phrase « c’est l’instruction qui est obligatoire, pas l’école » n’en a peut être plus pour longtemps…

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